Master en médecine à Mons : le fait du prince
L’édito de Guillaume Barkhuysen
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Publié le 26-03-2023 à 20h19 - Mis à jour le 27-03-2023 à 07h03
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Au début des années 90, un prince arabe vient voir son père pour parler succession. “Le Royaume, le pétrole, les honneurs, les responsabilités… Tout est à toi désormais.” Mais le père fixe une condition : il faut renoncer à cette petite voiture. Pour le prince héritier, c’est un sacrilège. Sa petite citadine, “elle a tout d’une grande…”.
Ce slogan résume l’impression que laisse l’octroi des 57 habilitations, en particulier celle permettant à l’UMons d’organiser un master en médecine. Grâce à cette décision, cette faculté de “taille moyenne” – pour reprendre le vocable utilisé dans la communication de l’UMons – aura désormais “tout d’une grande…”.
Qu’importe si un master est déjà organisé à 70 km de là. Qu’importe si pour la pénurie de médecins, le problème et la solution sont à trouver ailleurs, notamment dans la limitation de l’octroi de numéros Inami… Et qu’importe si l’arrivée de ce master ne permet pas de former davantage de médecins.
Pour en arriver là, il a fallu passer par un bras de fer politique. Mais au final, comme dans l’école des fans, tout le monde a gagné. Le MR peut se vanter qu’il n’a débloqué le dossier qu’en obtenant l’engagement qu’aucun financement supplémentaire ne serait accordé et qu’une évaluation de la mesure serait réalisée.
Le PS, lui, peut avancer qu’il a permis la finalisation d’un vieux projet, pour lequel le bourgmestre de Mons, Nicolas Martin, s’est impliqué. Et les socialistes utilisent déjà cette séquence pour montrer comment ils peuvent peser face à l’obstination, qu’ils jugent irrationnelle, de Georges-Louis Bouchez.
Dans le chapitre XVI du Prince, Machiavel rappelle qu’un décideur qui souhaite garder le pouvoir ne doit épargner “aucune sorte de somptuosité”. Des dépenses qui, selon Machiavel, “l’obligeront à épuiser son trésor” et “le contraindront à grever son peuple de charges extraordinaires, à devenir fiscal…”
Rassurons-nous ! Le machiavélisme ne pourra s’appliquer totalement. La Fédération Wallonie-Bruxelles ne disposant pas de leviers fiscaux… Mais si cette crise ouverte a le mérite d’exposer des tractations qui se déroulent traditionnellement entre quatre murs, elle démontre aussi que le sous-localisme et le fait du prince sont toujours des réalités qui, malgré les slogans électoraux, sont observées aux quatre coins de l’échiquier politique.