La France "à marche forcée"
Alors que le pays est au bord de la crise sociale, Emmanuel Macron a opté pour une communication offensive risquée.
Publié le 22-03-2023 à 20h06 - Mis à jour le 22-03-2023 à 20h07
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La première année de son second quinquennat n’est pas encore bouclée qu’Emmanuel Macron risque une crise sociale de même ampleur que celle qu’il avait connue lors du mouvement des Gilets Jaunes, en 2018 et 2019.
Pourtant, lors de son interview télévisée ce mercredi sur les deux principales chaînes françaises, le président français n’a rien lâché ni à l’opposition ni aux syndicats, avant une grosse journée de grèves et de manifestations ce jeudi.
Lancé dans une stratégie offensive dont il a le secret, Macron a expliqué (certes, à propos de la réindustrialisation du pays) qu’il fallait de toute façon "avancer". À "marche forcée" s’il le faut, selon ses propres mots. Et "Jupiter", plus sûr de lui que jamais, de se tourner vers l’avenir, soit la "France en 2030", un pays où le taux d’emploi serait de 100 % et où l’industrie serait massivement décarbonée.
C’est à se demander si la réalité (le temps présent) échappe au président et ses troupes de "marcheurs" (forcés ?). Ne voit-il pas que le climat social est tendu à l’extrême ? Que la population française, les travailleurs, les lycéens et les étudiants sont massivement opposés à la réforme des retraites ? Que les jeunes ont beaucoup sacrifié, ces trois dernières années, sur l’autel de la crise covid et de l’inflation ? Et surtout : que c’est sur eux que le pays compte pour financer les retraites (de leurs aînés) à moyen terme ? Pour toute réponse, Macron a pointé le danger des "factieux" et des "factions", agitant le spectre des putschistes du Capitole en 2021 et ceux de la Place des trois pouvoirs à Brasilia voilà quelques mois. On imagine d’ici le sourire satisfait du président si des heurts venaient effectivement à menacer concrètement les institutions françaises, à Paris ou en province, ces prochaines semaines : "Vous voyez, dirait alors le président français, je vous l’avais bien dit"...
On ose espérer que cette appétence pour la gestion de crise permanente est fortuite. Que les mots de ce président, qui opposait mardi encore "la foule" anonyme aux dignes "représentants" du peuple, ne cherchent pas à déclencher sciemment une colère qui ne demande vraisemblablement qu’à exploser.