Delhaize, un nouveau modèle… de concertation sociale
Delhaize, du côté de la vraie vie, avions-nous titré il y a deux semaines, au moment où la chaîne de grande distribution avait annoncé le passage sous franchise de ses 128 magasins intégrés, rejoignant les 636 déjà existants à travers le pays. Un changement de modèle indispensable pour l’entreprise, expliquait-elle alors, faisant passer les risques et les coûts salariaux du côté des franchisés, tout en continuant à engranger les bénéfices.
Publié le 21-03-2023 à 19h24 - Mis à jour le 22-03-2023 à 07h10
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Depuis lors, la direction reste inflexible, ne proposant aucune autre alternative. Un comble, vu le modèle qu’elle propose ? Ce qui est certain, c’est que ce nouveau modèle ne laisse plus la place à la moindre concertation sociale, ni au moindre compromis "à la belge". Ceux-ci n’ont pas été intégrés par la direction néerlandaise d’Ahold Delhaize, sise à Zaadam, aux Pays-Bas. Les derniers événements le démontrent un peu plus tous les jours. Lors des derniers conseils d’entreprise, les syndicats sont ainsi accueillis par les forces de l’ordre et services de sécurité, suivis par une direction ne discutant pas avec les représentants du personnel, mais leur signifiant à l’infini les tenants et aboutissants de leur décision. Plus explicite que cela, c’est impossible: la direction refuse toute concertation sociale.
Alors oui, effectivement, les entreprises ont besoin d’un maximum de flexibilité pour parvenir à survivre au sein de différents secteurs plus concurrentiels que jamais. En Belgique, un conflit social doit cependant se régler -jusqu’à nouvel ordre – dans les règles et selon le modèle en vigueur.
Ce que souligne aussi dans nos colonnes le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne (PS), qui fustige l’attitude de la direction, tout en se préservant d’intervenir directement, "un ministre n’ayant pas à imposer la présence d’un conciliateur pour faire démarrer la concertation". Un point de vue qui va faire débat dans les prochains jours, surtout si le blocage s’étend au-delà des magasins intégrés actuels. Tout comme le fait de faire appliquer la procédure Renault dans le cadre des licenciements collectifs, alors que 170 postes disparaîtront au siège du groupe. À ce niveau, c’est bien à notre État de droit et à son gouvernement à faire respecter la loi. Et d’empêcher également qu’elle soit contournée. Mais la Vivaldi en a-t-elle encore les moyens ? Et l’envie ? Sur ce sujet, son aile libérale, flamande et francophone, n’a jamais été aussi discrète.