Van Gogh et la crise climatique
Laisser une planète viable aux générations futures impose de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Et pourtant… Depuis les engagements pris à Paris pour maintenir l’augmentation globale de la température à +1,5 °C, ces émissions n’ont jamais cessé d’augmenter.
Publié le 20-03-2023 à 17h54 - Mis à jour le 20-03-2023 à 18h16
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Chaque dixième de degré de réchauffement menace les écosystèmes et multiplie de manière exponentielle les risques d’événements climatiques extrêmes. Et pourtant… Depuis l’ère préindustrielle, la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 °C et au rythme de notre inaction climatique nous sommes sur une trajectoire de +4 °C au moins…
Décarboner nos sociétés aurait déjà dû se faire avant-hier. Et pourtant… Les énergies fossiles sont aujourd’hui encore plus largement subsidiées que les énergies renouvelables.
Ces constats tirés du rapport de synthèse sur l’état des connaissances scientifiques sur les changements climatiques présenté ce lundi par le GIEC sont sans appel. Et sans surprise puisqu’ils ne font que résumer les dizaines de milliers de pages qui, au gré des précédents rapports, n’ont jamais cessé d’alerter sur la trajectoire mortifère sur laquelle nous sommes engagés.
Ce qui ne manque pas de surprendre par contre, c’est le peu d’émoi que suscite à chaque fois ce catalogue des horreurs climatiques auxquelles il sera de plus en plus difficile d’échapper. Sans remettre en cause le combat que mène une partie de la société française contre la réforme des retraites, il est symptomatique de constater que, demain, personne ne sortira dans la rue pour hurler son inquiétude quant à l’effondrement de la biodiversité, aux menaces sur la production alimentaire, à celles sur l’approvisionnement en eau ou au fait que des pans entiers de la planète seront littéralement invivables dans quelques dizaines d’années à peine.
"Nous avons le savoir-faire, la technologie, les outils, les ressources financières et tout ce dont on a besoin pour surmonter les problèmes climatiques que nous avons identifiés", ont redit hier les experts du GIEC. Encore faudrait-il d’abord que la société s’indigne largement face au constat scientifique. Vœu pieux sans doute quand on se rappelle que la dernière "indignation climatique" concernait un peu de soupe balancée par un activiste sur la vitre de protection d’un tableau de Van Gogh...