Marioupol, ce petit coin de paradis
Bienvenue à Marioupol, cité portuaire idéalement située le long de la mer d’Azov. Son aciérie, symbole de la résistance militaire ukrainienne ; son théâtre, éventré alors qu’un millier de civils y avaient trouvé refuge ; sa maternité, bombardée par les missiles russes. "Un petit coin de paradis" malgré les atrocités ignobles qui y ont été perpétrées durant un siège qui a duré près de trois mois.
Publié le 19-03-2023 à 21h18 - Mis à jour le 20-03-2023 à 08h39
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Son mandat d’arrêt pour crimes de guerre encore tout chaud en poche, Vladimir Poutine s’est offert une petite virée nocturne à Marioupol (il était sans doute impossible de tourner des images en plein jour sans voir les ruines).
Très souriant au volant d’une voiture qu’il conduisait personnellement, son excursion l’a conduit à la rencontre "spontanée" d’habitants venus le remercier pour la libération de leur ville qu’il a fait détruire à 90 %.
Des habitants éblouis par le charisme d’un président qu’ils ne voient jamais qu’à la télé et venu, dans une simplicité cynique, voir les premiers immeubles reconstruits dans la ville martyre (20 000 morts). Des habitants triés sur le volet, allant même jusqu’à lui assurer devant les caméras de propagande russe que Marioupol est désormais "un petit coin de paradis".
Tel un criminel de retour sur les lieux du crime, Poutine a évidemment pris soin de préparer cette mise en scène macabre et cynique dans cette ville qui symbolise la résistance ukrainienne.
Si le Kremlin assure que cette visite n’était pas prévue, personne n’est évidemment dupe. Chacun sait que ce premier voyage de Poutine en zone conquise du Dombas depuis le déclenchement de l’offensive russe, le 24 février 2022, a été savamment orchestré.
Notons cependant que contrairement à Volodymyr Zelensky qui n’a pas hésité à se rendre sur la ligne de front, Poutine est resté prudemment à une centaine de kilomètres de là.
Pour ses militaires au front, qui perdent chaque jour 800 des leurs, voir leur président pavoiser devant les caméras en faisant croire au retour à la normalité alors qu’ils entendent fuser les balles, les missiles et les obus, cette visite doit leur rester en travers de la gorge. Elle ne va en tout cas pas remonter le moral des troupes russes qui s’engluent dans un conflit qui n’en finit pas.