La France en plein Borne out
L’avenir dira si le gouvernement Borne survivra aux différentes motions de censure qui se préparent, et qui risquent de venir des quatre coins de l’échiquier politique français.
Publié le 16-03-2023 à 19h15 - Mis à jour le 16-03-2023 à 19h16
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KO6QTUPS5ZHYLDEJNF6QPKRQFI.jpg)
Elle assume n’être qu’"un fusible". Avant même d’annoncer le déclenchement de l’article 49.3 de la constitution française, qui expose désormais son gouvernement à une motion de censure et pourrait provoquer sa chute, la Première ministre française Élisabeth Borne a résumé jeudi le triste rôle qui est le sien dans ce régime hautement présidentiel : servir de paravent au chef de l’État, en l’occurrence Emmanuel Macron, qui n’aura pas fait grand-chose pour lui faciliter le travail, refusant toute entrevue avec des syndicats remontés en bloc contre la réforme des retraites.
L’avenir dira si le gouvernement Borne survivra aux différentes motions de censure qui se préparent, et qui risquent de venir des quatre coins de l’échiquier politique français. Mais une chose est sûre : le terreau d’une crise politique majeure guette Macron si le "fusible" Borne venait à sauter. Pas seulement parce que cela exposerait plus directement le Président à la vindicte sociale. Aussi parce que cela torpillerait le projet de réforme, qui se trouve être la pierre angulaire du programme d’Emmanuel Macron.
C’est que sans cette réforme, "Jupiter" perd l’équilibre promis plus ou moins tacitement aux créanciers de la France sur les marchés financiers. Or, dans un régime qui donne autant de pouvoir au Président, toute perte de crédibilité provoque une sanction rapide. À l’extérieur du pays comme à l’intérieur, celle de Macron est déjà sacrément érodée, et cela ne tient pas seulement à la seule réforme des retraites. Comme l’a identifié le tout premier "fusible" de Macron après la crise des Gilets Jaunes, personne ne peut prédire quand, ni pourquoi, telle ou telle réforme passe ou non. Édouard Philippe (puisqu’il s’agit de lui), avait bien noté que c’est l’accumulation qui provoque le ras-le-bol du peuple. Le gouvernement a choisi de ne pas soumettre au vote de la représentation nationale une réforme d’une telle importance, et ce faisant il a pris un risque énorme. En se traitant elle-même de "fusible", Borne valide en creux la violence du procédé : si elle surmonte les diverses motions en préparation, le bras de fer social annoncé risque d’être très violent.