Elle a fait un bébé toute seule
C’était en 1987. À cette époque, il était difficile d’allumer la radio sans entendre: "Elle a fait un bébé toute seule […] C’était dans ces années un peu folles où les papas n’étaient plus à la mode", de Jean-Jacques Goldman. Un titre entêtant et entraînant. Le chanteur y racontait les combats d’une femme qui veut s’en sortir, seule, avec son bébé. 36 ans plus tard, personne n’osera dire que Jean-Jacques était un visionnaire mais force est de constater que son tube est devenu une réalité. Car aujourd’hui, de plus en plus de femmes décident de faire comme dans la chanson… un bébé toute seule.
Publié le 16-03-2023 à 06h00
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Selon les chiffres du Belrap (Belgian Register for Assisted Procreation) entre 2016 et 2020, les inséminations artificielles et les fécondations in vitro de femmes célibataires ont augmenté respectivement de 20% et 18% (lire pages 2-3). Pas de quoi tracasser le prince charmant, j’en conçois, mais ce phénomène est intéressant car il met en lumière l’évolution de notre société.
Depuis de nombreuses années, le modèle traditionnel de la famille, "papa – maman – les enfants", s’est estompé pour se décliner en diverses formes. De nouveaux modèles familiaux ont ainsi fait leur apparition grâce d’une part au progrès de la science, mais aussi grâce à l’évolution des mentalités. Famille recomposée, famille monoparentale, famille homoparentale et la petite dernière la famille "soloparentale" comme on l’appelle au Canada. C’est-à-dire des femmes qui ont choisi d’avoir, seules, un enfant. Le phénomène étant nouveau, il existe encore peu d’études sur le profil de ces mamans. Ont-elles fait passer leur carrière avant tout ? Ont-elles fait le choix d’un célibat volontaire ? Ou simplement, n’ont-elles pas trouvé le père idéal à leurs yeux ? Mais une chose est sûre, c’est qu’elles ont toutes en commun un désir irrépressible d’avoir un enfant couplé à la volonté de ne dépendre de personne. Une aventure osée dans une société où vivre seul reste encore trop majoritairement mal perçu. Car même si les mentalités ont évolué ces dernières années, il y a encore beaucoup de préjugés sur les différents modèles de parentalité. Pourtant, personne ne peut affirmer qu’un modèle est plus apte qu’un autre pour élever des enfants. D’ailleurs, l’actualité nous le prouve bien souvent: les difficultés c’est comme les chansons de Jean-Jacques, elles peuvent se retrouver dans n’importe quelle famille.