L'évaluation des profs, comme une opportunité
Chaque jour, un enseignant est évalué. Pas par sa direction. Ni par son PO. Et certainement pas par le pouvoir régulateur. Chaque jour, un enseignant est évalué… par ses élèves.
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Publié le 15-03-2023 à 06h00
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À chaque fois qu’il se présente devant eux, l’enseignant doit convaincre celles et ceux qui, assis en meute, le regard braqué sur lui, scrutent le moindre faux pas, épient la moindre approximation, remettent en fait en jeu la confiance qu’ils ont choisi ou non d’accorder la veille à ce maître d’école ou ce professeur.
Aujourd’hui bien plus que par le passé, l’enseignant est interrogé, bousculé, constamment remis en question dans sa façon d’enseigner.
En revanche, un enseignant ne peut ni ne doit jamais être évalué sur base de "ses" résultats : si bon puisse-t-il être, à partir du moment où le public auquel il s’adresse refuse de jouer le jeu de la "confrontation scolaire", ces résultats seront biaisés.
Et c’est précisément pour cela qu’un enseignant doit pouvoir être évalué sur la méthode. Surtout, c’est à propos de celle-ci qu’il pourra être aidé, conseillé, orienté. C’est sur celle-ci qu’il pourra évoluer, s’améliorer. Voilà le véritable enjeu du nouveau dispositif défendu par le gouvernement. Et la chose est d’autant plus importante qu’elle s’insère dans un contexte de progressive perte de sens de l’école.
Évaluer les enseignants, c’est donc leur permettre de développer et d’outiller leurs compétences pédagogiques, lesquelles représentent leur meilleur atout afin de gagner la confiance des élèves et d’aider ceux-ci à trouver justement un sens dans les apprentissages qui leur sont soumis.
Du reste, les enseignants n’ont jamais rejeté cette opportunité. Mais ils s’inquiètent de pouvoir être sanctionnés en cas de manquements estimés. C’est légitime. Il est d’ailleurs dans la nature de leurs syndicats de se méfier d’un dispositif ouvrant la porte à de possibles licenciements. Les multiples corrections apportées au texte depuis deux ans tiennent d’ailleurs compte de leurs remarques. Le tout étant que ce dispositif ne puisse ouvrir la porte à des abus dans le chef des directions et des PO. Mais que ce dispositif puisse tout autant mettre fin à d’autres formes d’abus : ceux dont quelques enseignants se rendent coupables, parfois depuis des années, sans aucune possibilité pour leur employeur de pouvoir y mettre un terme. Des abus qui, inévitablement, participent à cette perte de sens que leurs collègues combattent chaque jour avec conviction.