L’État déstabilisé par les terroristes
Serait-ce la fin d’un feuilleton qui n’a que trop duré ? Après des mois d’une bataille juridique, où chaque jour la question des fouilles corporelles à nu avec génuflexion auxquelles sont soumis les accusés des attentats du 22 mars 2016 avant leur transfert de la prison vers le Justitia était posée aux djihadistes présumés, la cour d’appel de Bruxelles a tranché ce lundi. Avec un arrêt implacable. Elle ordonne à l’État belge, et donc la police, de cesser lesdites fouilles. Jusqu’à préciser que celles-ci sont illégales. La cour interdit également d’imposer la pose de lunettes aveuglantes en dehors des transferts vers le Justitia et au retour vers la prison, dans les véhicules de police. Un coup de massue pour les autorités et les policiers chargés d’encadrer les accusés. L’État justifiait, en effet, cette décision par des raisons de sécurité. Une victoire pour Salah Abdeslam, Mohamed Abrini, et consorts qui avaient refusé de comparaître en attendant que la pratique cesse. Jusqu’à accepter, il y a peu, de rester dans leur box pour écouter les témoignages des victimes. À l’exception d’Abdeslam qui retournait dans le cellulaire.
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Publié le 14-03-2023 à 08h10 - Mis à jour le 14-03-2023 à 08h11
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Alors, quelle sera désormais l’attitude d’Abdeslam ? Va-t-il enfin assister (et participer) aux débats ? Ou restera-t-il dans le mutisme qu’on lui connaît ?
Toujours est-il que les terroristes présumés ont réussi à déstabiliser les autorités. Plus que l’amende (l’État encourt une astreinte de 1 000 € par personne et par jour), c’est le potentiel jurisprudentiel de l’arrêt qui va poser problème. Ces procédures de sécurité étaient jusqu’alors pratiquées sur l’ensemble des détenus analysés par l’OCAM, l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace, au niveau 3 (sur une échelle de 4). La brèche est donc ouverte pour d’autres accusés au même profil. S’ils représentent un niveau de menace élevé, n’y a-t-il pas, de facto, un danger pour la sécurité publique au sein de la salle d’audience du Justitia ? Voire un risque d’évasion réel ? La question se pose, même si les abords et les couloirs de ce palais de justice sont remplis de policiers lourdement armés. À espérer, tout au plus, que cette décision aura le mérite de ramener un peu de sérénité au sein de la cour d’assises. Avec des accusés qui s’exprimeront enfin – du moins, on l’espère –, et qui écouteront l’entièreté de la souffrance des victimes meurtries dans leur chair par l’atrocité commise par des terroristes.