L’accès à la terre, l’enjeu de tous
L’accès à la terre est un enjeu vital au Brésil : vital pour le travailleur rural, lequel survit grâce à sa production ; vital pour le pays tout entier, dont l’alimentation dépend en large partie de l’agriculture familiale. Vital, donc, mais aussi mortel dans les cas les plus graves de pression, d’intimidation et de criminalisation orchestrés par la toute-puissante agrobusiness aux mains des riches propriétaires fonciers, lesquels ne voient pas d’un bon œil ces acteurs et défenseurs d’une agriculture à haute valeur sociale ajoutée (lire pages 2-3).
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Publié le 13-03-2023 à 06h00
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Cependant, s’il fournit un contexte particulièrement violent, le Brésil est loin d’être un cas isolé. En Belgique aussi, l’accès à la terre devient de plus en plus difficile pour les acteurs d’une agriculture familiale en souffrance.
Chaque année, les surfaces dédiées à cette forme d’agriculture se réduisent : tantôt au profit d’un accaparement de ces terres par de riches et grandes exploitations, essentiellement tournées vers l’alimentation du bétail et l’exportation ; tantôt en raison de la conquête urbaine, laquelle a repris ces dernières années sa marche en avant.
En Wallonie, les conséquences depuis 2020 du changement de législation encadrant les baux à ferme – lesquels réglementent les relations contractuelles entre les propriétaires fonciers et les agriculteurs exploitants et concernent plus de 70% de la surface agricole utile – participent elles aussi au phénomène, en raison des effets pervers induits par cette réforme : fin des baux oraux, limitation dans le temps, suppression dans certains cas du droit de préemption…
À cela s’ajoute encore l’arrivée dans ce secteur de nouveaux acteurs issus de la construction ou de la grande distribution, alléchés par l’appât des primes européennes octroyées dans le cadre de la PAC, et dont la présence pèse considérablement sur la hausse du prix des terres.
Pressés de toute part, les acteurs d’une agriculture familiale nourricière éprouvent ainsi de plus en plus de difficultés à obtenir et à maintenir leur accès à la terre.
Pourtant, en Belgique comme au Brésil, cette agriculture est vitale. Pour ceux qui la pratiquent autant que pour ceux qui en profitent : l’autonomie alimentaire de notre pays est ainsi estimée, selon certains experts, à… trois jours.
L’accès à la terre n’est donc pas un enjeu pour les seuls agriculteurs. Il l’est pour nous tous.