Carburants du futur: décider, pas tergiverser (L'édito)
Le débat autour des carburants de synthèse rappelle, furieusement, le plaidoyer pro-diesel qui agitait les milieux automobiles il y a quarante ans. À l’époque, les constructeurs français et allemands, s’ingéniaient à vanter les vertus du carburant lourd, et à en masquer les méfaits pour la santé et la nature. Ils pensaient permettre à l’industrie européenne de résister à l’offensive des rivaux asiatiques ou américains qui, eux, misaient sur l’essence.
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Publié le 11-03-2023 à 07h32 - Mis à jour le 11-03-2023 à 07h39
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Souplesse de conduite, consommation moindre du diesel, puis vint l’argument "écologique" du CO2, pain béni pour Peugeot, Mercedes ou Volkswagen pour vanter leur credo technologique. Les particules fines cancérigènes ? Passez le chemin, il n’y a rien à voir. Le cow-boy Marlboro tirait encore sa clope sur les affiches du cigarettier. Il faudra attendre 2015, et le "dieselgate" aux États-Unis, pour signer le début de la fin pour ce carburant qui, de toute façon, devenait bien trop cher à dépolluer.
Aujourd’hui, on nous rejoue la sérénade. Pour sauver le moteur à pistons, menacé par la vilaine transmission électrique, certains esprits font miroiter l’alternative des carburants synthétiques. Recyclant une technologie que l’armée allemande, dépourvue de ressources pétrolières, utilisait déjà pour faire avancer ses troupes en 1940. Ce qui est neuf, c’est qu’on ne fabriquerait plus ce carburant à partir du charbon, mais de CO2, solution "magique" aux défis climatiques. C’est oublier qu’en brûlant dans un moteur, ce carbone se retrouve à l’air libre, avec son lot de rejets polluants, NOx ou autres. La voiture électrique a au moins le mérite de ne pas pourrir l’air ambiant.
+ LIRE AUSSI | e-fuel: ne pas mettre tous ses oeufs dans le panier électriqueDe surcroît, le carburant synthétique est coûteux à produire. À la pompe, on le payera plus cher que l’essence et le diesel qui, quoi qu’il en soit, continueront à alimenter la masse des voitures mises en circulation avant 2035. Ce sont les villes qui leur feront la chasse, pas les lois européennes. Et puis, fabriquer de l’e-fuel est très énergivore en électricité. Oui, cette même électricité dont on nous dit que, renouvelable ou pas, elle sera insuffisante pour alimenter des moteurs électriques au rendement pourtant supérieur.
A LIRE AUSSI | Quel intérêt à supprimer le moteur à pistons?Une évidence s’impose, comme la Chine l’a compris: les pays qui prendront l’avance sur les technologies électriques seront ceux qui domineront le futur de nos transports. Faire de la résistance, c’est perdre à la fois du temps et des moyens d’investir.