Delhaize, du côté de la vraie vie
Il y a cinq ans, Delhaize a lancé son slogan "Du côté de la vraie vie". Une philosophie de vie dans laquelle la chaîne de grande distribution s’inscrit depuis plus de 150 ans, soulignait-elle à l’époque, mettant alors en exergue les efforts consentis en matière de durabilité, de santé et même de mobilité. Y compris pour ses caissiers, réassortisseurs ou magasiniers, masculin ou féminin.
Publié le 08-03-2023 à 06h00 - Mis à jour le 08-03-2023 à 07h22
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Aujourd’hui, ce slogan résonne de manière cinglante pour les employés du supermarché, qui a annoncé hier faire passer sous franchise ses 128 derniers magasins intégrés. À terme, les 9 000 personnes qui y sont employées dépendront donc pleinement de leur franchisé, gérant indépendant comme il en existe déjà 636 (!) chez Delhaize à travers le pays.
Soit un système qui s’avère plus performant. Du moins pour l’entreprise, qui continuera à engranger les bénéfices en diminuant les risques et les coûts salariaux. Oui, en ce sens également, la marque au lion se retrouve véritablement du côté de "la vraie vie". Celle où le patronat ne donne plus véritablement sa place aux syndicats afin de négocier les droits sociaux. Celle où, tout en intégrant une société de plus en plus gigantesque et déshumanisée, chacun et chacune doit défendre ses droits de manière individuelle. Celle où les conditions de travail se négocient au cas par cas, sous forme de contrats de plus en plus précarisés et limités dans le temps. Celle où la flexibilité est devenue le mot d’ordre, peu importe que vous travailliez de 7 à 15h ou de 12 à 20 ou 21 h, le samedi ou même le dimanche, peu importe que vous soyez étudiant ou soutien de famille.
Alors oui, il ne faut pas se leurrer, nous sommes désormais dans un monde globalisé où la concurrence est poussée à outrance, dans tous les secteurs d’activité, et où seuls les meilleurs s’en sortent. Mais arrive un moment où le ressort va lâcher, d’autant plus quand l’activité humaine est remplacée progressivement par des machines, comme c’est le cas dans la grande distribution… ou dans les médias – cet édito n’a pas été écrit par ChatGPT, mais le sera peut-être bientôt. Delhaize s’inscrit dès lors bel et bien dans la vraie vie actuelle, celle où le profit et les dividendes des actionnaires en fin ou début d’année sont les seuls et uniques révélateurs de la bonne santé de l’entreprise. Mais révèlent-ils pour autant la bonne santé de notre société actuelle ? En toute franchise, c’est nettement moins sûr.