Marc Leemans : au moins maladroit
Marc Leemans est le président de la CSC. Après douze années à la tête du syndicat chrétien, il a décidé d’arrêter les frais. À 62 ans, le compte est-il bon ? Pas tout à fait en ce qui concerne la pension. Ainsi, son employeur a décidé de le licencier. Il pourra bénéficier du RCC (régime de chômage avec complément d’entreprise). Il remplit les conditions, il n’y a visiblement rien d’illégal dans la manœuvre.
Publié le 01-03-2023 à 18h23 - Mis à jour le 02-03-2023 à 07h10
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Mais elle provoque l’ire des partis flamands comme la N-VA, l’Open Vld, le CD&V et le MR, côté francophone. Ceux-là même à l’affût du moindre souffle pour créer la tempête autour de ces empêcheurs de tourner à droite que sont les syndicats.
La N-VA, avec toute la nuance qu’on lui connaît, évoque une fraude sociale. On entend moins ces cris d’orfraie lorsqu’on évoque l’ingénierie fiscale déployée par les grandes entreprises qui coûte des milliards au Trésor.
"La sécurité sociale, c’est pour les gens qui ont le malheur de perdre leur emploi et de se retrouver involontairement au chômage." Sans doute, mais c’est oublier aussi que ce système est employé par ces mêmes sociétés pour se séparer de collaborateurs trop âgés et trop chers. Mais là, silence radio. C’est pour la survie de l’outil économique.
Un tel tollé de ce côté de l’échiquier politique n’est-il pas un contre-feu pour occulter les braises qui couvent d’autre part ? Le cas de Marc Leemans ne remet-il pas au jour le sujet des départs à la retraite ? Sujet qui met régulièrement la France à l’arrêt pour un relèvement de l’âge de la pension de 62 à 64 ans, en 2030. Chez nous, on en est à 67 ans. Tout en se posant la question: quel pourcentage de travailleurs pourra atteindre cette échéance ?
Ce départ interpelle, bien entendu. Ce système se retrouvant ainsi sur le billot. Ce qui restreindrait encore plus les possibilités de départs "anticipés".
Du côté du MR, on exige la fin des privilèges des syndicats, dont "les directions sont des machines à profiter du système". Toujours surprenant quand on sait que son président est un sénateur coopté à l’assiduité toute relative. Alors oui, les syndicats doivent faire preuve de plus de transparence dans leur gouvernance. Dans un contexte aussi hostile, si une telle décision est sans doute légale, elle est tactiquement maladroite, pour le moins. Le "travailleur" d’observer cela avec incrédulité.