Migration: des larmes de crocodile
Le naufrage d'une embarcation en Méditerrannée a causé la mort d'une cinquantaine de migrants. De quoi émouvoir quelques dirigeants européens. Sans plus.
Publié le 26-02-2023 à 19h58 - Mis à jour le 27-02-2023 à 10h07
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Pauvre Giorgia Meloni, qu’un dramatique naufrage au large des côtes calabraises émeut tant et plus. Il y a de quoi : l’embarcation qui s’est fracassée sur la côte italienne ce dimanche comptait au moins 120 migrants, dont au moins une cinquantaine, enfants compris, a péri.
La Première ministre italienne a fait part de sa "profonde douleur", alors même qu’elle est parvenue au pouvoir en tenant un discours politique radical en matière de gestion migratoire (elle souhaitait, par exemple, un blocus naval financé par l’Europe pour repousser les malheureuses embarcations).
Faute de mieux, madame Meloni a opté pour criminaliser la migration; ceux qui la vivent, ceux qui la subissent, ceux qui tentent d’en limiter les dommages. La preuve : depuis le début de l’année, les navires des ONG qui patrouillent en Méditerranée ne peuvent plus mener plusieurs opérations de sauvetage simultanément, en vertu d’un décret pensé par ce même gouvernement dirigé par Giorgia Meloni. Qu’importe le droit de la mer ; qu’importe le fait que les sauvetages soient généralement effectués par les gardes-côte : c’est bien l’opinion qu’il faut convaincre, et quoi de mieux pour convaincre que d’entraver le travail de celles et ceux qui tentent de sauver des vies.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : sauver des vies. Ni plus, ni moins. Mais si on y aspire, il faut regarder la réalité bien en face, comme les Européens sont parvenus à le faire en marge de l’agression russe sur l’Ukraine. Et agir en conséquence, quand bien même cela a un coût politique. Ainsi la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a qualifié ce naufrage de "tragédie" et souhaité que l’UE "redouble d’efforts concernant le Pacte sur les migrations et le droit d’asile, et sur le Plan d’action pour la Méditerranée centrale". C’est louable, mais c’est un discours de façade. Lors du dernier sommet européen consacré aux questions migratoires, voilà 15 jours, il s’est surtout agi pour la Commission de donner des gages aux pays qui entendent protéger leurs frontières extérieures - peu importe le moyen employé. Certains, à l’image de l’Autriche, s’étaient félicités de la "clarté sans précédent" de l’exécutif européen à cet égard.