Guerre en Ukraine: la paix, contre-nature (L'édito)

Il est certainement plus difficile, et courageux, d’oser la paix que de céder aux violences de la guerre, dans cette humanité où pas une seconde ne s’écoule sans que du sang soit versé dans un coin où l’autre de la planète. Une constante, aussi solidement tressée que le fil tordu de l’histoire de ce monde. L’humain est belliqueux par nature et sanguinaire par instinct, sauvage et impitoyable avec ses semblables comme envers tout ce que la terre porte de dissemblable.

Guerre en Ukraine: la paix, contre-nature (L'édito)

Qu’il soit l’agresseur ou l’agressé, qu’il inflige le premier coup ou qu’il riposte, l’homme trouvera toujours justification à son geste de déraison. Face à l’aigle et au vautour, la colombe perdra ses plumes. Le chantre de la paix sera, ironiquement, la victime expiatoire des causes qui le dépasseront. Pas parce qu’il ne les a pas saisies, mais parce qu’il les comprend, les décode, s’en méfie ou qu’il abhorre la vacuité du réflexe martial.

Un an de conflit en Ukraine: la guerre de la communication

Quand deux hommes se battent en rue, ou que des milliers de soldats s’affrontent sur le champ de cette désolation qu’on appelle bataille, ceux-là sont-ils les seuls coupables ? Celui qui encourage, glisse un couteau ou un lance-missiles dans la main de l’un ou de l’autre adversaire, n’est-il pas tout autant responsable ? Complice de cette violence qui se croit légitime, à tort et de travers. Et que dire de ceux qui, l’œil et le cœur malsains, s’alimentent de l’adrénaline des combats ?

Ils seront peu à en être blâmés. Car si l’humain est belliqueux, il est aussi simple d’esprit et manichéen. Il choisira toujours son camp, par affinité, par facilité ou par aveuglement. Le bon contre le mauvais, le blanc à l’opposé du noir. Ainsi il pourra glorifier ses vainqueurs et humilier les perdants. Il en fut ainsi tout au long de cette Histoire qui n’est jamais que le récit de ceux qui l’emportent. Salué ou absous, il pourra se racheter un costard d’innocence pour remplacer le treillis déchiré, avant de sonner le clairon et de verser des larmes sur le sort des millions d’âmes qui auront perdu, dans l’abyssale absurdité de la furie, un peu ou la totalité de leur existence.

La guerre ne se nourrit pas de nuances. Elle dresse des forts et des camps, érige des statues et fusille ses déserteurs. Et les héros qu’elle façonne sont rarement ceux qui se sont défiés de ses implacables ressorts.

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