Analyse du discours de Poutine : ce qu’il a dit et ce qu’il n’a pas dit (Edito)
Que retenir du discours de Poutine à la Nation, un an après son invasion ? Il a accusé l’Ukraine et les Occidentaux d’être responsables de la guerre et d’avoir orchestré le conflit pour rayer la Russie de la carte. Mais complètement zappé la situation militaire sur le terrain.
Publié le 21-02-2023 à 18h11 - Mis à jour le 22-02-2023 à 07h33
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Trois jours avant le premier anniversaire de son " opération spéciale " en Ukraine et au lendemain de la visite surprise de Joe Biden à Kiev, le discours à la Nation de Vladimir Poutine était très attendu. C’était le premier discours devant les deux chambres du Parlement russe depuis l’invasion en Ukraine.
Que retenir dans ce pot-pourri nauséabond (il nous dépeint comme des pays de perversion où la maltraitance des enfants, jusqu’à la pédophilie, sont la norme) ?
Tout d’abord, sa détermination, glaciale, à poursuivre coûte que coûte son offensive. "Nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous."
Deuxièmement, le chef d’État n’a eu de cesse de pointer la responsabilité de l’Occident qui a orchestré le conflit pour rayer la Russie de la carte. Il estime avoir agi dans une démarche… défensive. "Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple de l’Ukraine. Le peuple de l’Ukraine est aujourd’hui l’otage des forces occidentales."
Sur le plan idéologique, il ramène à nouveau le conflit à une guerre de civilisation, contre des Occidentaux "qui ne cessent d’attaquer notre culture, l’Église orthodoxe russe et les autres organisations religieuses traditionnelles de notre pays."
Plus terre à terre
Revenons plus terre à terre. Poutine a tout d’abord annoncé que la Russie se retirait du traité de non-prolifération nucléaire et menacé de réaliser de nouveaux tests. Et donc mettre fin à un système bâti à la fin de la guerre froide pour enrayer l’escalade atomique. Une décision "irresponsable" pour Washington. "Plus d’armes nucléaires et moins de contrôles des armements rendent le monde plus dangereux" réagissait le secrétaire général de l’OTAN après l’annonce de cette décision.
Sur le plan interne, il a aussi confirmé qu’il y aurait bien des élections présidentielles en 2024. Sans se déclarer candidat. Mais le message est limpide: il se positionne au-dessus de la mêlée, et son maintien en poste est, selon lui, tout ce que soutient le pays. Au peuple de le confirmer dans son pouvoir.
Mais analyser un discours, c’est aussi relever ce qui n’a pas été dit. Outre une minute de silence pour les soldats russes victimes des "escadrons de la mort néonazis", le locataire du Kremlin n’a pas évoqué la situation militaire sur le terrain. Un aveu de faiblesse un an après l’invasion…