Filtrés, fliqués : ici, c’est fermé
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu à Bruxelles pour le sommet européen extraordinaire qui se tient ces jeudi et vendredi. C’est indubitablement un événement majeur. Mais celui-ci ne doit pas masquer la raison d’être de cette réunion, qui vise à clarifier, et surtout coordonner, la politique migratoire européenne, si tant est qu’il puisse y en avoir une.
Publié le 09-02-2023 à 07h27 - Mis à jour le 09-02-2023 à 07h28
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Pour l’heure, les dissensions sont profondes et la plupart des États membres campent sur leurs positions. Du côté des pays du sud, en première ligne en matière d’arrivées sur le territoire de l’Union, on fustige depuis longtemps le règlement de Dublin, qui stipule que c’est le pays d’entrée qui demeure responsable de l’examen du statut des réfugiés, et donc, le cas échéant, de l’expulsion.
Évidemment, le règlement crée des situations kafkaïennes, où les réfugiés refoulés du pays par lequel ils sont arrivés, retentent leur chance ailleurs, dans un autre pays de l’Union.
Un certain nombre de ces pays, dont la Belgique, se considèrent comme des îlots migratoires "secondaires", et aimeraient donc que le règlement de Dublin soit appliqué à la lettre. C’est aussi le vœu de la Commission européenne, qui espère ainsi que la situation va s’améliorer d’ici la mise en place du nouveau pacte migratoire, au printemps 2024. Celui-ci devrait permettre une meilleure répartition en matière d’accueil, actant le fait que certains États (l’Italie ou la Grèce, pour ne pas les citer), héritent d’une charge disproportionnée.
Pour autant, et malgré les belles paroles pleines d’humanisme, le cœur du futur de la politique migratoire européenne semble bien être de "filtrer" et "fliquer" plutôt que "d’accueillir" et "répartir". On se souviendra aussi que l’arrivée de Volodymyr Zelensky en Belgique a été précédée, voilà des mois, par l’afflux de milliers de ses compatriotes, poussés en Europe par le vent mauvais de la guerre. D’autres avant eux ont tenté leur chance, fuyant, si pas la guerre, une forme indéniable de misère. Mais ceux-là sont Afghans, Burundais ou Érythréens, "des nationalités courantes dans la migration secondaire", nous explique Nicole de Moor. À ceux-là, la Belgique dit, très explicitement, via des campagnes ciblées: "Nous sommes fermés".