Nucléaire : la valse à mille temps

Tant en Belgique que dans d’autres pays d’Europe, des enquêtes d’opinion tendent à démontrer qu’un fossé entre le monde politique et les citoyens existe et se creuse.

Guillaume Barkhuysen
Guillaume Barkhuysen ©Jacques Duchateau

Inaction face au réchauffement climatique, mesures de lutte contre la pauvreté, crise de l’accueil, accroissement des inégalités sociales…

Sur de nombreux sujets, certains de nos citoyens ont l’impression de faire face à un mur. Et ce ne sont pas les multiples volte-faces de ces vingt dernières années dans le dossier nucléaire, qui permettront de crédibiliser davantage l’action politique.

Poussée par la catastrophe de Tchernobyl, par l’exemple de l’Allemagne et par l’arrivée des énergies renouvelables, la Belgique a adopté en 2003 la loi Deleuze. Celle-ci prévoyait une sortie complète du nucléaire à l’horizon 2025.

Si certains ont estimé que les objectifs prônés par ce texte étaient irréalisables, tous les partis ont systématiquement confirmé cette sortie complète du nucléaire… sans jamais mettre en place la véritable politique énergétique sur le long terme qui devait permettre à la Belgique de se passer véritablement de l’atome.

La suite est désormais connue: à chaque nouvelle menace sur la sécurité d’approvisionnement, l’exploitation d’un ou plusieurs réacteurs est prolongée.

En mars 2022, en raison de la guerre en Ukraine, la Vivaldi décide de prolonger de dix ans les deux réacteurs les plus récents du parc belge, soit Doel 4 et Tihange 3, repoussant les objectifs initiaux de la loi Deleuze à 2036. Nouveau revirement ce vendredi: le gouvernement fédéral, réuni en comité restreint, décide cette fois d’étudier la prolongation de trois autres réacteurs pour faire face aux risques de pénurie durant les hivers 2025-2026 et 2026-2027. L’adage est connu: seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ! Et si l’on peut difficilement nier le pragmatisme qui se retrouve derrière une telle décision, un droit d’inventaire s’impose.

Face à l’augmentation croissante des besoins en électricité et au droit pour chaque citoyen de pouvoir bénéficier d’une énergie peu chère, il est temps de faire l’analyse des erreurs du passé. Et il est urgent d’engager la Belgique dans le long terme, sur la voie d’une véritable politique énergétique. Il y va de la crédibilité et de l’efficacité de notre système démocratique et de nos institutions.

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