Les élus comme des cibles
C’est l’histoire d’une société où un élu local est presque content de se faire seulement traiter de con. À l’ancienne.
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Publié le 01-02-2023 à 19h19 - Mis à jour le 01-02-2023 à 19h20
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Les récentes menaces de mort à l’encontre des deux bourgmestres et d’un ministre wallon (lire les pages 2 et 3) vont-elles aboutir à une adaptation du Code pénal, comme l’espère le ministre des Pouvoirs locaux Christophe Collignon ?
En France, les maires et l’ensemble des élus locaux connaissent le même phénomène: le cap de la "simple" agression verbale a été dépassé pour laisser la place à la violence physique et aux courriers anonymes. Certains édiles ont même suivi une formation avec l’unité d’élite de la police nationale française, le RAID, pour savoir où regarder sur un marché, dans une foule, repérer d’où viendrait une éventuelle attaque. Pour se protéger.
Chez eux, c’est fait: face à l’augmentation impressionnante de la violence à l’encontre des mandataires municipaux, la procédure pénale a changé. Depuis 2021, l’Association des Maires de France peut se porter partie civile en cas d’agression d’élus locaux du fait de leur fonction ou de leur mandat. Possibilité élargie récemment au Sénat ou à l’Assemblée nationale, pour soutenir leurs élus respectifs. Ça donne du poids à la procédure.
Peut-être une piste à suivre chez nous aussi, puisqu’on en est là, à inciter les mandataires locaux à porter plainte, pour ne pas banaliser les menaces de mort et l’agression physique.
"La pression, elle est généralisée. Les opinions se radicalisent. Les gens ne sont pas bien. Le plus lourd dans tout ça, c’est le climat général. Dont les menaces ne sont qu’une partie ", commente le bourgmestre de Liège Willy Demeyer, lui-même victime d’une attaque contre son domicile.
Qui aura encore envie, demain, de mettre son nom sur une liste communale, si c’est pour hériter de tout ça ? Comment vivre et gérer l’intérêt général dans une société où l’insulte vient avant le dialogue ? Où le dialogue n’est parfois même plus une option ?
"Avant, quand un citoyen avait un problème, on prenait une tasse de café, on discutait", se souvient un mandataire.
La barque est déjà bien chargée. S’il fallait en plus redouter ce qui reste le grand privilège des élus locaux, à savoir la proximité avec les citoyens, parce qu’elle deviendrait source d’anxiété, la démocratie aurait perdu sa première courroie de transmission.