Le « mauvais chasseur »
La chasse. Une activité souvent mal comprise, critiquée, mais qui garde ses défenseurs. Elle est dans la nature de l’homme et y demeure ancrée. Le nombre de pratiquants en Belgique continue à s’élever, doucement, sûrement, tel le canon du fusil pointé sur l’envol d’un colvert vers les nuages. Quand la tendance du moment est au retour à la nature, chacun va y puiser la dose d’adrénaline qu’il souhaite y trouver.
Publié le 26-01-2023 à 06h00
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Avec près de vingt mille détenteurs d’un permis de chasser, les adeptes n’en constituent pas moins un groupe très minoritaire. Moins de 0,6% de la population wallonne. C’est que ce loisir, ce sport ou cette passion – chacun voit cela dans le viseur de son œillère –, n’est plus à la portée de toutes les gibecières.
Dans nos contrées, la chasse est sortie des taillis populaires, pour se concentrer dans les hautes futaies des nantis. Les chasseurs constituent des groupes d’influence puissants, qui savent défendre leurs intérêts auprès d’autorités politiques loin d’être éloignées de leur point de vue.
Mais pour de plus en plus de citoyens, avides eux aussi de profiter des joies et des bienfaits de la nature, ces chasseurs sont des gêneurs avides, qui s’approprient les terrains d’évasion. Promeneurs, joggeurs, cyclistes, photographes ou paisibles ramasseurs de champignons, la cohabitation n’est pas facile, d’autant qu’elle n’est pas sans risques. Sans parler de ceux qui ne peuvent tout simplement pas comprendre qu’on puisse verser le sang d’autres êtres vivants, par plaisir, par goût ou même pour se nourrir.
À l’autre bout de l’arme, on plaide les vertus de la chasse. La régulation d’une faune sauvage dont les grands prédateurs ont disparu (enfin, ont été… chassés). La préservation des grands espaces forestiers face à l’urbanisation croissante, la restauration des zones sauvages, lieu de vie de tant de gibiers, dans des paysages agricoles aseptisés. Les chasseurs seraient, sous cet angle, les plus ardents défenseurs d’une nature menacée.
Fameux paradoxe, qui n’en recèle pas moins son fond de vérité. L’étiquette colle pourtant mal au dos de ce chasseur – ce "mauvais chasseur" – qui dégomme sans état d’âme un naïf faisan engraissé pour lui servir de cible. Ou qui canarde une harde de sangliers coincée derrière une clôture. Exceptions ? Peut-être ou sans doute. Mais qui salissent l’image de tous.