La crainte du Kremlin
C’est " l’heure du choix ", écrivions-nous la semaine passée, alors que les alliés occidentaux de l’Ukraine, réunis sur la base américaine de Ramstein (en Allemagne), se quittaient sans avoir décidé s’ils livreraient, ou non, des chars. En réalité, la décision de fournir à l’Ukraine une partie de ce qui était demandé, a certainement été prise à ce moment-là, avant d’être formalisée conjointement par l’Allemagne et les États-Unis cette semaine. De quoi susciter l’ire du Kremlin, qui considère dès à présent que ces chars occidentaux contribuent à l’escalade militaire. Ainsi, alors même qu’aucun char occidental n’a encore franchi les frontières de l’Ukraine, la Russie se venge en frappant massivement le pays à coups de missiles de croisière.
Publié le 26-01-2023 à 18h54 - Mis à jour le 27-01-2023 à 07h17
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La colère (meurtrière) du Kremlin est toutefois une bonne nouvelle pour l’Ukraine, car elle signifie que l’arrivée prochaine des chars occidentaux est une vraie crainte du commandement russe. Pourtant, on ne parle pas de 2000 chars (l’équivalent du nombre de tanks allemands disséminés sur le territoire européen), mais bien de dix fois moins (au mieux). De quoi donner des ailes aux Ukrainiens, qui espèrent à terme obtenir des avions de chasse, probablement l’ultime étape de "l’escalade" dont parlent les dirigeants russes à longueur de journée.
Dans un entretien donné au Figaro, le ministre ukrainien de la Défense ne cache pas que les avions figurent en bonne place sur sa liste de commande aux Occidentaux. Mais, explique-t-il en substance, il a fallu être progressif dans les demandes, afin de monter en puissance. Difficile de lui donner tort: on se souvient qu’à la veille du conflit, l’Union européenne, Belgique incluse, était très froide (euphémisme) en termes de soutien militaire. Et déjà à l’époque, la Russie qualifiait toute aide militaire auprès de l’Ukraine d’escalade insupportable, Poutine n’hésitant pas à brandir la menace nucléaire, une carte qu’il a ressortie plusieurs fois depuis lors. Et maintenant ? Retour au point de départ: personne n’est prêt à négocier quoi que ce soit et il y a simplement plus d’armes sur le terrain. Et de détermination, des deux côtés à atteindre les objectifs fixés.