La pression du juge et du repenti
Le statut de repenti, obtenu par l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri dans le scandale de corruption du Qatargate, a donc refait surface, quatre ans après celui obtenu, pour la première fois dans le droit belge, par l’agent de joueurs Dejan Veljkovic. À l’époque, l’arrangement avec le parquet fédéral prévoyait que cet agent serbe ne serait pas condamné à de la prison ferme en échange d’informations " complètes et sincères " sur les autres protagonistes " connus ou inconnus " du footgate. Ce qui fut bien le cas, et a permis au dossier d’avancer à pas de géants, les transactions obtenues le mois dernier par dix suspects démontrant par ailleurs la véracité de ses propos.
Publié le 18-01-2023 à 09h09 - Mis à jour le 18-01-2023 à 09h11
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Dans le cas de Panzeri, l’accord prévoit de limiter la peine de prison à cinq ans avec sursis dont un an ferme, en partie sous bracelet électronique. De quoi faire taire les détracteurs de ce statut, soulignant que le repenti a tout intérêt à démontrer la culpabilité des autres protagonistes pour prouver sa bonne collaboration, quitte à minimiser son rôle ? Sans doute. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que cet arrangement va accélérer davantage l’enquête, tout en mettant une pression maximale sur les autres acteurs et actrices de ce dossier, accusés par Panzeri d’avoir reçu, directement ou indirectement, des dizaines de milliers d’euros du Qatar.
Depuis août 2018, une loi définit ainsi précisément le cadre dans lequel le repenti est censé pratiquer avec la justice. Et s’il ne respecte pas scrupuleusement les conditions, il perdra le bénéfice de la transaction. Autant dire que ses révélations n’en ont que plus de poids et de crédibilité, du moins par rapport au monde judiciaire en général, et du parquet fédéral belge en particulier.
Le fait que ce dispositif ne concerne généralement que la grande criminalité en col blanc (mais aussi le terrorisme, même s’il n’a pas encore été utilisé à ce niveau en Belgique) prêtera bien sûr toujours le flanc à la critique à propos de la "justice à deux vitesses". Mais dans le cas du Qatargate, cela donne plutôt l’impression que le juge d’instruction, en l’occurrence Michel Claise, préfère passer par des aveux, en l’absence de preuves formelles à l’issue de perquisitions chez différents protagonistes. Et, au-delà de ça, ne veut épargner personne en évitant que l’affaire ne s’enlise dans des procédures complexes, ou même dans l’oubli. Dans ce cadre, jusqu’à présent, sa ligne d’attaque est parfaite. Et le buteur principal adverse a déjà marqué dans son camp.