L’automobile au tournant
Combien y aura-t-il de visiteurs au salon de l’Auto ? C’est avec un gâteau garni des bougies de l’incertitude que l’événement fête sa centième édition en 2023, qui pourrait tout aussi bien être la dernière, si elle n’est pas celle de la relance. Les amateurs de rutilantes carrosseries vont-ils revenir nombreux, dès ce samedi, dans les travées du Heysel, heureux de retrouver une exhibition dont ils ont été privés durant deux années "covidées" ? Ou bien l’engouement pour cet incontournable rendez-vous de janvier — qui a drainé jusqu’à 756 900 visiteurs en l’an 2000 —, appartient-il désormais aux curiosités du passé ?
Publié le 14-01-2023 à 06h00
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Le verdict tombera à l’extinction des phares, le 22 janvier prochain. Mais la tendance sera assez rapidement palpable. Malgré une surface d’exposition réduite à six palais, il y circulait déjà pas mal de monde hier soir pour la soirée inaugurale qui suivait la journée de presse. Et les exposants rencontrés se montraient dans l’ensemble confiants, tout comme les organisateurs d’ailleurs, qui attendent jusqu’à 350 000 visiteurs.
Plus encore qu’à l’habitude, ils ont soigné le côté familial et ludique d’un salon bruxellois commercial par essence, il faut le reconnaître. Mais c’est sans aucun doute aussi parce que Bruxelles est un salon dit "de vente" qu’il réussit à survivre, quand d’autres salons européens plus prestigieux, comme Genève, Paris ou Francfort, sont morts ou moribonds.
On peut s’interroger sur l’utilité de la survie d’un tel salon, quand d’aucuns annoncent le déclin de l’ère automobile de l’humanité. Bien sûr, on vendra moins de voitures à l’avenir. La pression est forte pour qu’elles disparaissent du paysage de nos villes. Elles seront plus rares, plus chères aussi, mais toujours rentables pour leurs constructeurs qui misent sur l’attrait éternel de l’objet.
L’automobile, marqueur social, bientôt privilège, reste en dépit des vents contraires le moyen de circuler favori des Belges, qui n’ont bien souvent pas la possibilité de s’en passer, faute d’alternatives crédibles pour leurs déplacements. Mais au-delà des habitudes, des obligations et des contraintes, l’automobile représente encore pour énormément de gens une histoire de passion. Rêves d’enfance, plaisirs de l’âge adulte. Et les passions sont difficiles à assassiner.