En amont de l’absentéisme
Les travailleurs belges seraient-ils de plus en plus mal au boulot ? La question se pose après avoir pris connaissance des derniers chiffres de l’invalidité (12 mois et plus d’incapacité au travail), déposés dans la hotte du père Noël par l’Inami.
Publié le 03-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 03-01-2023 à 14h13
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La hausse des cas de burn-out et de dépressions est vertigineuse. Et on ne parle pas seulement des travailleurs en fin de course, les 60 ans et plus, qui depuis le recul de l’âge de la retraite en 2016, font exploser le compteur de l’invalidité. Les dernières statistiques de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité indiquent une hausse de 22% des malades de longue durée chez les 30-34 ans entre 2016 et 2021, de 23% chez les 40-44 ans.
Un constat interpellant alors que l’on n’a jamais autant parlé de bien-être au boulot, alors que vie privée et activité professionnelle sont un peu plus conciliables grâce au télétravail. Les crises sanitaire et économique ont contribué au mal-être généralisé mais elles ne peuvent expliquer à elles seules tous ces décrochages.
Les dernières mesures mises en place pour faciliter un retour au travail précoce en incitant tous les acteurs à se montrer plus réactifs devraient contribuer à faire baisser le nombre de malades de longue durée en ne laissant plus dans l’errance des milliers de travailleurs qui finissent par être complètement déconnectés, non seulement du monde du travail mais aussi de l’ensemble de la société. Plusieurs études ont montré que pour une absence de plus de trois mois, les chances de retrouver un emploi chez le même employeur sont de 50%.
Mais cela ne suffira pas à enrayer le problème de l’absentéisme qui est multifactoriel. "Il faut se pencher sur le problème des travailleurs âgés et veiller à envisager la vie au travail et le vécu positif au travail dans sa globalité, sous l‘angle des ressources humaines, de l’ergonomie, de la sécurité et de la reconnaissance", plaide une responsable d’un service externe de prévention et protection au travail.
Le mal est plus profond, comme en témoignent l’explosion des burn-out et dépressions mais aussi les nombreuses reconversions. La relation au travail est en train de changer. Radicalement. Le confinement a accéléré le processus et pas seulement au sein de la jeune génération qui ne veut plus voir son quotidien réduit au métro-boulot-dodo. C’est ce défi sociétal qu’il faut s’atteler à relever sans tarder.