L'EDITO | Greffe du parlement wallon: un beau gâchis
Il y a encore 6 mois, beaucoup de Wallons pensaient qu’il n’y avait de greffiers que dans les cours et tribunaux. On pourrait dire, avec une certaine dose de cynisme, que le greffier Frédéric Janssens a fait beaucoup pour la notoriété d’une fonction par définition un peu obscure.
Publié le 30-12-2022 à 07h00 - Mis à jour le 30-12-2022 à 12h56
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D’ailleurs, tout ce dossier et cette communication politique affligeante a donné à l’institution wallonne une visibilité qu’on n’avait plus connue depuis le CETA. Avec des conséquences totalement opposées, on l’aura bien compris.
Même au sein du personnel de l’administration parlementaire, le greffe, personne n’a vraiment sauté de joie, le jour où le Bureau a pris la décision de suspendre le greffier pour 6 mois. Ni quand, peu à peu, des soupçons sur certains marchés publics, ou des données croustillantes sur les notes de frais des uns et des autres ont été révélés.
"Ce n’est une victoire pour personne ", constate avec lassitude un employé du greffe. Et certainement pas pour les partis. Ils auraient pu, à divers moments, dire stop à tout ce foutoir: les dépenses non contrôlées, le système qui permet à un homme de forger son pouvoir à sa guise et de se sentir intouchable, les habitudes d’opacité, les indemnités totalement légales et prévues par le règlement (y compris dans les autres assemblées), l’arrogance institutionnalisée, des élus endormis dans un confort ouaté, dodu, peu propice à une gestion publique vigilante…
Le nouveau Bureau du Parlement wallon, qui on l’espère, a pris la mesure des enjeux, va devoir gérer cette image épouvantable, en plus de tout le reste. Les suites de l’enquête judiciaire, par exemple: l’instruction va se poursuivre encore en 2023. Et c’est au terme de celle-ci qu’on saura si l’affaire est renvoyée ou pas devant un tribunal correctionnel. Si c’est le cas, des députés pourraient voir leur immunité parlementaire levée, quelques mois avant les élections de mai 2024. "Difficile de faire mieux en termes de gâchis ", s’inquiète un fonctionnaire.
Le Parlement wallon n’a pas l’exclusivité des micmacs. Il fait même pâle figure face au niveau de scandale atteint au Parlement européen. On ajoute que pas mal de citoyens font une soupe entre exécutif, législatif, Région, Fédéral, eurodéputés, délégation outrancière et corruption active, élu qui bosse et élu qui touche. Le même sac. Un boulevard pour le simplisme, carte-mère des populistes.
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