D’une crise vers une opportunité
Qui aurait pu imaginer que la fin de la pandémie et que l’année 2022 seraient le théâtre d’une crise énergétique ? Les prémices d’un tel scénario étaient pourtant détectables depuis des mois, voire des années.
Publié le 28-12-2022 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XH4TSR54AFAWDCCCOTGZK23CPM.jpg)
Au début des années 2000, la libéralisation du marché de l’énergie était annoncée comme une solution miracle. Elle allait générer des investissements dans des capacités de production et offrir aux consommateurs des prix abordables.
Une double promesse garantie par la main invisible d’Adam Smith. Hélas, malgré le développement du photovoltaïque, Madame Soleil n’a rien vu venir…
Car au final, ce nouveau marché n’a profité qu’à quelques acteurs. D’abord à certains producteurs, qui ont pu générer de plantureux bénéfices sur des unités déjà rentabilisées. Ensuite aux nouveaux fournisseurs qui ont pu se développer en revendant aux consommateurs de l’électricité produite par un autre producteur. Hélas, ni le mécanisme de fixation des prix, ni la volatilité des marchés, n’ont permis de générer des investissements massifs. Sans "sponsoring" des États, rares sont les acteurs qui osent se lancer dans la construction d’éoliennes ou de centrales au gaz. En France, même les centrales nucléaires n’ont pas pu bénéficier de l’entretien nécessaire à leur fonctionnement continu.
Dans un tel contexte, l’invasion de l’Ukraine et la fermeture des robinets de gaz russe, n’ont été qu’un lancer d’une petite allumette sur un bûcher prêt à flamber.
Faut-il pour autant faire table rase du passé ? Il faut plutôt transformer cette crise en une opportunité historique. Au lieu de calmer la colère du citoyen avec l’impossible rêve d’un retour de l’énergie à prix plancher, il serait probablement plus intéressant de l’accompagner dans une transition énergétique. D’autant que l’électrification du parc de véhicules et le développement des pompes à chaleur pourraient soutenir davantage la demande en énergie. Ensuite, il est urgent de corriger les imperfections du marché de l’énergie, en instaurant des mécanismes limitant la volatilité des prix. Enfin, s’il est clair que la prolongation de deux réacteurs nucléaires améliorera la sécurité d’approvisionnement, il faudra aussi se pencher sur l’après-2036. Car sans une véritable planification transpartisane, le politique ne pourra pas prouver qu’il a tiré les leçons du passé.