La drogue et l’autruche
Si l’on considère qu’il n’y a pas de société sans drogue, l’école n’y fait pas exception. La crise sanitaire a eu un impact indéniable sur la santé mentale des jeunes et leur bien-être. Et par là, un impact sur leur consommation de drogues ? Forcés de ne plus se voir, se réunir, ni même s’embrasser, les jeunes y ont trouvé là peut-être une source de plaisir, notent des acteurs de terrain. Une échappatoire face à l’ennui, au stress, pour certains. Mais aucun chiffre pour l’objectiver. Juste des ressentis.
Publié le 07-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 07-12-2022 à 06h59
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Dans les écoles, certains élèves ne se cachent plus. "Comme si avec le Covid, ils avaient désormais quelque chose à revendiquer." Pendant deux ans, les messages de prévention ne sont plus parvenus, ou moins, aux oreilles des jeunes. Et dans les centres PMS, on peine à relancer la machine, acculés par les nombreuses demandes d’élèves en souffrance.
Pour beaucoup d’établissements scolaires, le sujet de la drogue reste tabou, compliqué, invisible. Certains préfèrent fermer les yeux, d’autres agir de manière répressive, sans comprendre parfois la place réelle de la drogue dans la réalité des jeunes, ni même les problèmes multiples qui peuvent se cacher derrière.
27,1% des jeunes wallons du secondaire (3e et plus) ont déjà consommé du cannabis (la drogue illicite la plus populaire) et 3,1 % le font chaque semaine.
La réponse n’est pas facile, demande de la nuance. La prévention par la peur ne marche pas, la politique de l’autruche non plus. Écouter les jeunes, comprendre ce qui les pousse à se lancer, comment ils interagissent. Comprendre que le jeune se construit en franchissant des barrières, que pour saisir la limite, il doit parfois la transgresser. Se mettre à son niveau avant même de parler des risques.
Et l’école a un rôle à jouer, en tant que lieu de formation des citoyens de demain. Car à côté du savoir gravite le savoir être. Et les deux semblent indissociables. Depuis quelques années, dans une poignée d’écoles, des référents assuétudes font ce travail. Ils font de la prévention, orientent les élèves et forment les équipes éducatives. Car l’idée est d’autonomiser les écoles dans la lutte contre les assuétudes. Toutes les assuétudes. Car si l’on parle ici de drogues illicites, que dire des drogues sociales (alcool, tabac,…) qui touchent aussi les jeunes. Un travail long, qui demandera des moyens à coup sûr, tant la plupart des écoles aujourd’hui semblent désarmées, surchargées. Une nécessité pour éviter que ces ballons d’essai ne se transforment en écran de fumée.