Édito: une question de morale politique
Assiste-t-on enfin à l’épilogue d’une longue saga judiciaire et médiatique ? Jean-Charles Luperto, député-bourgmestre de Sambreville, avait introduit un ultime recours suite à sa condamnation pour outrages publics aux mœurs dans une station-service de l’autoroute E42 à Spy.
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Publié le 19-10-2022 à 21h10 - Mis à jour le 19-10-2022 à 21h19
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Mais comme l’a appris L’Avenir, la Cour européenne des droits de l’homme a décidé de débouter Jean-Charles Luperto… en décembre 2021. La condamnation du bourgmestre de Sambreville à six mois de prison avec sursis pour outrages aux mœurs est donc définitive.
Depuis l’éclatement de l’affaire en novembre 2014, Jean-Charles Luperto et son conseil, Me Marc Uyttendaele, ont multiplié les recours à chaque stade de la procédure. Leur défense repose sur une thèse: le bourgmestre de Sambreville n’aurait pas fait l’objet d’une procédure équitable et le principal intéressé – désormais définitivement condamné – "maintient solennellement ne jamais avoir commis les faits qui lui ont été reprochés".
Au lendemain du jugement par la cour d’appel, le PS avait temporisé, constatant que le condamné clamait son innocence et qu’il n’avait pas épuisé toutes les voies de recours. Paul Magnette, président du PS, avait toutefois rappelé qu’il maintenait une ligne ferme et que "tout comportement contraire aux valeurs socialistes" était synonyme d’exclusion. Le PS a d’ailleurs fait souvent preuve de fermeté face à d’autres dérapages
Mais aujourd’hui, le PS se mure dans le silence. Pourtant, plusieurs questions se posent. Jean-Charles Luperto a-t-il laissé le PS dans l’ignorance ou le parti espérait-il que l’affaire tombe dans l’oubli ?
Ensuite, à l’ère de "Me Too", des "tornades éthiques" et autres "renouveau démocratique", on ne peut que s’étonner qu’un parlementaire condamné pour des faits de mœurs ne soit pas sanctionné par son parti.
D’autant que le maintien de Jean-Charles Luperto au PS ouvrirait la porte à une "jurisprudence" très particulière. Tout élu contestant sa condamnation pourrait revendiquer la conservation de ses mandats. Mais le maintien d’une "machine à voix" dans les rangs socalistes, qui s’est fait facilement réélire depuis l’éclatement de l’affaire, répond probablement à des impératifs que seule la morale ne peut comprendre.