Un procès réussi grâce aux victimes
Après 149 jours d’audience, le procès des attentats de Paris s’est refermé ce jeudi soir. La vérité judiciaire est désormais connue depuis ce 29 juin à 20 h 10, les auteurs et complices de ces attentats ont été jugés au terme d’une procédure qui aura duré près de 6 ans. Le défi était de taille : comment la justice allait-elle pouvoir participer à la réparation face à tant de douleurs ?
Publié le 30-06-2022 à 06h00
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Ce qu’on retiendra des milliers d’heures d’audiences, des plaidoiries, des témoignages, c’est l’humanité qui s’est invitée là où on ne l’attendait pas.Ce qui s’est passé le 13 novembre 2015 était à l’encontre absolu de cette humanité.Les victimes ont raconté avec quel sang-froid et même avec quel plaisir les terroristes avaient exécuté leur lâche besogne ce soir-là.
L’extrême dignité des victimes a permis au procès d’être un succès dans le dialogue entre les différentes parties.Ce sont elles, les artisans de la réussite de ce défi judiciaire. La profondeur de leurs témoignages a permis de comprendre la violence des faits, le déroulement des attaques, des premiers coups de feu au dernier souffle de 132 personnes mortes un verre à la main ou au pied d’une scène de rock.
Près de 400 témoignages, cela ne laisse pas indifférent.Que l’on soit victime ou accusé.C’est la force de ces récits qui a permis à la plupart des accusés d’exprimer leur compréhension.Et donc de se poser des questions sur les actes posés à l’époque… Il faudra aussi souligner le travail de sape effectué quotidiennement par les avocats de la défense pour encourager leurs clients à s’exprimer, à apporter des réponses, à fournir un éclairage.
Quelle vérité doit-on attendre de plus lors du procès qui se déroulera à Bruxellesà partir d’octobre?C’est une même cellule terroriste que l’on va juger, que l’on va rejuger.Krayem et Ayari se sont murés dans leur droit au silence: il est illusoire d’attendre une attitude différente à Bruxelles.Abdeslam et Abrini ont parlé à Paris mais qu’est-ce qui pourra les inciter à participer au procès bruxellois, en sachant qu’ils ont déjà pris la perpétuité pour Paris? Une même cellule, un même procès et c’est la vérité judiciaire qui y aurait gagné.Un seul procès n’aurait pas été assimilé à la dénégation d’une partie des victimes.Tout le procès parisien a été "saucissonné" par le président en différentes parties temporelles.Bruxelles aurait pu s’inscrire dans le prolongement du 13 novembre.