L'édito par Romain Veys: un désastreux bond en arrière
Le recours en urgence aux énergies fossiles témoigne d'un virage manqué au cours de ces 20 dernières années.
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Publié le 27-06-2022 à 06h00
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Il y a tout juste un an, la Belgique célébrait en grande pompe le 75eanniversaire de l’accord charbon , ce protocole belgo-italien datant de 1946 et visant à échanger du charbon belge contre de la main-d’œuvre italienne. À cette époque, l’Europe, qui sortait tout juste d’une Seconde Guerre mondiale dévastatrice, se relevait au rythme d’une relance industrielle effrénée, nécessitant un apport rapide et massif de la principale ressource énergétique de l’époque, le charbon.
Plus de septante-cinq ans ont donc passé. La paix a fait son œuvre et la croissance économique son "chef-d’œuvre". Les puissances industrielles d’hier sont devenues les leaders technologiques d’aujourd’hui, les frontières sont tombées, la globalisation s’est imposée. Et à mesure que la houille et le coke encrassaient le ciel de notre Vieille Europe autant que les poumons de nos mineurs, de nouvelles sources d’énergie ont été développées. Mais, au nom de cette croissance et de l’efficience qu’elle exige, les sources d’énergie plus naturelles, plus vertes, plus propres ont été, pendant bien trop longtemps, mises de côté. Et nous en prenons aujourd’hui pleinement, violemment conscience.
Alors que la Russie a porté en Ukraine le premier coup de canon transfrontalier sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale, l’énergie, carburant de notre système économique mondialisé, s’est retrouvée plongée dans une crise dont l’Europe semble aujourd’hui incapable de se départir. Au point de forcer ses principaux leaders à réaliser un désastreux bond de 75 ans en arrière.
Après les Pays-Bas parmi d’autres, l’Allemagne et la France viennent d’annoncer la réouverture prochaine d’un modèle de centrale que l’on pensait définitivement appartenir au passé. En Belgique, si nous faisons partie des bons élèves en matière d’énergies vertes, celles-ci sont largement insuffisantes pour alimenter le pays tout entier; d’où la récente volte-face de la Vivaldi sur le dossier nucléaire. Mais que cela soit le nucléaire, le charbon ou même ce gaz dont le continent apparaît soudainement si dépendant, le recours en urgence à ces énergies fossiles nous renvoie à la face l’ampleur du virage manqué de la transition.Ou quand nos politiques énergétiques (non) mises en œuvre au cours des 20 dernières années nous obligent à davantage encore hypothéquer notre avenir climatique.