Grandir et durer
Ce jeudi, le sommet européen devrait officialiser les candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie en vue d’intégrer un jour l’UE. Le chemin est long, mais la route vaut le coup.
Publié le 23-06-2022 à 06h00
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Ce jeudi, le sommet européen devrait officialiser les candidatures de l’Ukraine et de la Moldavie en vue d’intégrer un jour l’UE. Les deux pays y aspirent depuis un certain temps et l’agression russe en Ukraine a clairement contribué à balayer les réticences de certains États membres (Danemark, Pays-Bas, Portugal), soucieux de faire respecter les conditions d’une éventuelle adhésion. À ce jour, celle-ci n’est pas acquise. L’Ukraine comme la Moldavie ont en effet encore un long chemin à parcourir avant d’obtenir le statut tant désiré d’État membre. Qu’il s’agisse de la stabilité des institutions, du respect de l’état de droit et des minorités ou de lutte contre la corruption, les réformes politiques ne manquent pas et rien, en matière européenne, ne s’acquiert d’un claquement de doigts.
Sur le plan économique, rien n’est joué non plus: les pays aspirant à devenir membres doivent non seulement démontrer leur fiabilité en la matière, mais également souscrire à la politique et aux objectifs économiques de l’Union.
Pour toutes ces raisons, et parce que son pays est plongé dans un conflit qui n’a plus rien d’une guerre-éclair, le président Volodymyr Zelensky sait qu’il faudra de longues années avant que l’Ukraine n’intègre l’Union. Mais le simple fait qu’il soit parvenu à hisser son pays dans une telle disposition et dans un tel contexte relève déjà, en soi, de l’exploit. D’autant que cela profite aussi au voisin moldave, qui assiste aux premières loges à l’agression russe sur l’Ukraine et craint, légitimement, pour sa sécurité.
Dans une récente tribune publiée dans le quotidien Le Figaro , la présidente moldave Maia Sandu estime qu’une entrée de son pays dans l’UE permettrait à l’Union de faire un grand pas en matière géopolitique. Il est évident que les dirigeants européens l’ont saisi eux aussi; en offrant à ces pays de candidater officiellement, il ne s’agit pas seulementd’élargir le potentiel économique de l’UE, mais aussi d’étendre son influence sur le plan des valeurs: celles de la démocratie libérale, avec tout ce que cela suppose de contorsions quand certains États membres y dérogent. Ce n’est pas simple et cela prend du temps, c’est vrai. Mais cela permet de grandir, et de durer. Et c’est ce qui fait indéniablement tout l’attrait de cette Europe-là.