La solitude de l’enseignant
Une fillette attachée à sa chaise à l’aide de papier-collant… On a peine à croire que deux institutrices aient pu infliger cette punition. Même pour donner une « bonne leçon » à une petite fille qui faisait volontiers le coup de poing. On se doute que si cette enfant en est là, elle doit ou elle a dû connaître des conditions d’existence peu structurantes. Et, à l’évidence, ce n’est pas le genre de méthode qui peut apporter quoi que ce soit dans l’éducation à lui fournir.
Publié le 22-06-2022 à 06h00
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Voir des institutrices formées et diplômées dans des écoles supérieures, des professionnelles de l’éducation donc, se tromper à ce point, ça pose question. Comment n’ont-elles pas senti qu’elles faisaient fausse route? Comment n’ont-elles pas envisagé que leur punition serait très mal perçue? Et sans doute ce qui est le plus incompréhensible, comment il ne s’en est pas trouvé une pour dire à l’autre: "On est en train de dérailler…"
Ceci dit, et ce n’est pas une excuse, le public en général ne mesure pas à quel point le métier d’enseignant peut être devenu ingrat, pénible, dur. Comment tout enseignant se trouve aujourd’hui confronté à des situations qu’il ne pouvait pas envisager. À quel point tout enseignant peut se sentir démuni, lâché, désespérément seul quand un problème se pose. Parce qu’en dépit des leçons de mansuétude, d’ouverture, de solidarité dont on lui rebat les oreilles, et qu’il est prié de transmettre, il sait que lui-même ne bénéficiera pas ou si rarement d’un minimum de bienveillance s’il vient à s’égarer…