L'édito: les inégalités, le virus belge
Un peu plus inégalitaire qu’avant la crise sanitaire : si elle a rebondi « plus rapidement qu’attendu » après la pandémie, notre société n’en est pas moins sortie fragilisée, le véritable virus qui la ronge de l’intérieur s’étant précisément nourri de cette crise. Or, et contrairement au Covid-19, il n’existe pas de vaccin qui permette de lutter contre les inégalités.
Publié le 15-06-2022 à 06h00
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Ainsi, le fossé belge n’a fait que se creuser davantage au cours des deux dernières années, observe l’OCDE dans son dernier rapport publié mardi. De quoi lui faire écrire qu’il est " essentiel de renforcer l’égalité des chances pour les groupes défavorisés " ( lire p. 4 ). Très bien. Mais comment?
En l’absence d’un vaccin, l’arsenal des mesures destinées à lutter contre le Covid-19 telles que prises en concertation par nos gouvernements avait oscillé entre le confinement, la prévention et les aides ciblées. C’est ce dispositif qui a permis " une reprise vigoureuse " et de " répondre à la pandémie ", constate encore l’OCDE. En faudra-t-il de même dans la lutte contre ces inégalités qui sclérosent notre société?
Il serait tout à fait malvenu, irresponsable même, impensable d’ailleurs de confiner et ainsi isoler les personnes touchées.
Et prévenir ces inégalités présente à peine plus de sens: l’intention peut sembler louable, mais prévenir un individu d’un déterminisme qui a de fortes chances de le condamner à morfler dans la vie ne va pas véritablement l’aider à s’élever dans la société.
Il reste donc une stratégie viable: des actions ciblées pour justement combattre ces déterminismes et pour soutenir les personnes qui en souffrent.
Nombre de nos mandataires auront tôt fait de répondre que de telles actions existent déjà. C’est vrai. Mais, et comme le souligne l’OCDE, ces actions demeurent insuffisantes, en ce sens qu’elles ne parviennent pas à inverser la tendance et reboucher progressivement le fossé des inégalités.
Sans doute alors faut-il aller plus loin, agir avec plus de force ou de conviction, mieux cibler les personnes qui, sans une main tendue et à condition que celle-ci soit ferme, ne s’en sortiront pas, ne s’en sortiront plus. Il y va de leur avenir, de notre avenir: car un fossé qui ne cesse de croître finira, tôt ou tard, par faire vaciller l’ensemble de l’édifice. Et puisqu’il n’existe de toute façon pas de vaccin contre un tel virus, nous n’avons pas le choix: il faut renforcer notre lutte contre ces inégalités.