Le pari du rail
Quand on construit une maison, on demande d’abord à un architecte d’en dresser les plans. C’est l’image qu’utilise le ministre fédéral de la Mobilité pour appuyer son plan « Vision Rail 2040 », approuvé en conseil des ministres par les sept partis du gouvernement. Une feuille de route qui, dans le délai des vingt prochaines années, porte l’ambition de faire du transport ferroviaire « la colonne vertébrale de la mobilité » du pays. Défi ambitieux et combien difficile.
Publié le 07-05-2022 à 06h00
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Mais dans une Belgique qui, trop souvent, se gouverne avec des politiques à la petite semaine, nous n’allons pas reprocher à Georges Gilkinet de mettre sur les rails une conduite à long terme. "On a un cap et on s’y tiendra" , promet-il. "Enfin" , pourrions-nous ajouter. Tout en sachant que 20 ans, c’est aussi l’espace-temps englouti par le seul chantier d’un RER dont, côté wallon, le bout du tunnel n’émerge toujours pas.
On ne peut pas, non plus, blâmer le ministre pour les inconsistances de ses prédécesseurs. Gilkinet se montre confiant sans être dupe.Il sait que les budgets dégagés au fil des vingt années à venir resteront le nerf de sa guerre du rail. Qu’à ce stade, rien n’est garanti au-delà de ce qui a déjà été octroyé. Que le volet financier reste à négocier, et que les cordons de la bourse ne se délieront pas de sa seule volonté. Or, quand on construit une maison, on a aussi en tête combien elle devrait coûter.
L’enjeu est enthousiasmant, tant il est multiple si l’on veut bien considérer le "redéveloppement" du rail comme une solution aux enjeux climatiques, à la pollution, aux défis énergétiques, à l’insécurité routière, aux temps de loisirs et au potentiel économique gaspillés dans la gluance des embouteillages.
Il n’en reste pas moins que le train est – pour l’instant mais aussi dans l’absolu -, loin d’être le mode de déplacement privilégié des Belges.Sans une volonté politique inébranlable, telle que portée par le ministre écolo, la tendance irait même vers une désertion des quais de gare plus marquée encore.Le transport individuel, qu’il soit sur quatre ou deux roues d’ailleurs, reste plébiscité. Si bien que, c’est à présent d’une vision de la mobilité automobile pour 2040 dont il faudrait s’emparer.Pour la rendre, elle aussi, fluide, ponctuelle, non polluante et moins énergivore. Car se contenter d’un "moins de route, moins de voitures" n’est pas une réponse convaincante.Juste un pari.
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