Le blues mineur de nos mayeurs
T’as voulu un vélo ? Pédale, maintenant… On pourrait leur répondre ça, aux bourgmestres qui témoignaient de leur grosse fatigue, ce mardi devant les députés wallons (pages 2, 3 et 4). Leur balancer ça sur un réseau social, tiens. Ça prend une seconde et ça défoule. Et puis passer à autre chose.
Publié le 04-05-2022 à 06h00
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Mais en 2024, qui prendra le relais de ces élus manifestement au bout du rouleau? Qui aura envie de gérer, au bas mot, une crise par jour?D’être sur le pont 24 heures sur 24? De se sentir tiré par la manche au moment de traverser la rue " parce que le voisin le fait exprès de sortir ses poubelles devant chez moi" , " parce que ma fille ne trouve pas de travail", "parce qu’il n’y a toujours pas de feu rouge au bout de ma rue "?
Et encore, l’interpellation directe, c’est la base pour le terrain communal, premier niveau de la démocratie. Mais se retrouver un matin de juillet au bord d’une rivière en furie, sans savoir qu’on allait, pour la première fois de sa vie, devoir réquisitionner des camions de carrière et des bulldozers pour évacuer une partie des habitants… On n’est plus dans le même registre.
On les a admirés, nos bourgmestres, au moment des inondations. Et puis on est passé à autre chose. " Les infirmières aussi, on les a applaudies lors de la première vague du Covid , se souvient un député wallon lui-même élu communal. C’était déjà terminé lors de la 2evague. " Mais la pression et la surcharge de travail ont continué leur travail de sape.
" On voit que même les passionnés commencent à atteindre la cote d’alerte ", observe Christophe Collignon, ministre des Pouvoirs locaux et bourgmestre empêché de Huy.
Et maintenant qu’on les a écoutés, il va falloir répondre à la crise des vocations.Elle est cruciale pour la démocratie.La Région wallonne ouvre le chantier à son niveau.Mieux accompagner les bourgmestres, chercher à les protéger davantage, simplifier les procédures, jouer la carte de la supracommunalité… Le reste viendra peut-être de la prochaine réforme de l’État. Et le tout arrivera peut-être un poil trop tard par rapport aux besoins criants du moment. " En tout cas, il n’y a pas de réponse simple à des questions complexes ", dira l’Amaytois Jean-Michel Javaux, face à ceux qui suggèrent de revenir au cumul des mandats. Une vieille manie.