Le Pen à la dérive économique
Le débat de l’entre-deux tour de l’élection présidentielle française est, depuis sa première « édition » en 1974, plus qu’un rendez-vous démocratique opposant deux candidats à la fonction suprême : c’est aussi un événement télévisuel millimétré où tout (ou presque) est négocié à l’avance par les prétendants : qu’il s’agisse de l’identité des journalistes chargés d’arbitrer le débat ou de l’intensité des spots lumineux, en passant par la température ambiante du studio (19 degrés).
Publié le 21-04-2022 à 06h00 - Mis à jour le 21-04-2022 à 06h24
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Pourtant, du fait qu’il se tient en direct, ce fameux débat est – aussi – un drame shakespearien, où chaque réplique, chaque respiration, chaque geste, peut infléchir un scénario que l’on pensait écrit d’avance.
Le 26 septembre 1960, aux États-Unis, un certain Richard Nixon, candidat expérimenté du camp Républicain, perdit un débat télévisé contre le fougueux sénateur John Fitzgerald Kennedy. La légende veut que la lèvre supérieure de Nixon, crispée et rendue luisante par un rhume (ou de la transpiration), lui eût coûté l’élection (à 0,17% des voix près).
Ce mercredi soir, les deux candidats français se sont présentés sous les atours que l’on pouvait attendre d’eux. Macron, le président sortant, avait revêtu son plus beau costume d’homme d’État en responsabilité, confronté à de multiples crises (pandémie, guerre en Ukraine), dont il ne saurait être tenu coupable. Curieusement, le rôle d’attaquant est pourtant revenu à Emmanuel Macron, qui d’emblée a mis la candidate d’extrême droite face à ses contradictions. Notamment en matière d’économie, un thème sur lequel elle n’avait déjà pas brillé voilà cinq ans.
Face à cela, non seulement Marine Le Pen n’a pas réussi à contre-attaquer, mais a également eu du mal à se défendre.
Si l’on en doutait encore, et quoi qu’on pense de Macron, ce show millimétré aura confirmé ce que l’on savait déjà: face à un politicien professionnel, la populiste Marine Le Pen a bien du mal à cacher son amateurisme, bien souvent masqué derrière un sourire carnassier. Et qu’importent ses arguments, comme l’a prouvé par le passé la lèvre crispée de Nixon: l’important dans un débat n’est pas nécessairement ce qu’on dit, mais ce qu’on montre.
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