À gauche toute, la France tangue
Il ne reste que quatre jours avant le second tour de l’élection présidentielle française. Et un débat, un seul, ce mercredi, sans doute décisif dans une course plus serrée que ne l’annoncent les sondages. Ceux-ci donnent toujours gagnant Emmanuel Macron, mais de nombreux observateurs de renom, dont notre compatriote François Gemenne (professeur à l’Institut d’études politiques de Paris), n’hésitent pas à claironner sur les plateaux télévisés de l’Hexagone que Marine Le Pen… va gagner l’élection.
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Publié le 20-04-2022 à 06h00
Pourquoi? Tout simplement parce que son réservoir de voix est plus important que celui d’Emmanuel Macron, tandis que les électeurs de gauche ne sont plus portés naturellement à dresser un front républicain contre l’extrême droite.
Du côté de la République en marche, on l’a bien compris, à tel point qu’Emmanuel Macron a déclaré, samedi à Marseille, que le prochain quinquennat sera écologique ou ne sera pas, tout en vantant son bilan en la matière et en signalant que son Premier ministre aura en charge la "planification écologique", une idée reprise à Jean-Luc Mélenchon.
Le problème, c’est que cela sonne faux aux oreilles de l’électorat des Insoumis ou des Verts de Yannick Jadot. Par ailleurs, cela vient bien trop tard dans un débat qui… n’aura pas lieu, car il nous étonnerait que l’on s’attarde sur le sujet ce soir. Marine Le Pen, qui a mis le pouvoir d’achat affaibli sous l’ère Macron à l’avant-plan de sa campagne, part ainsi avec une longueur d’avance. Et aura beau jeu de le répéter à l’envi, y compris concernant les retraites, au moment où le président sortant l’attaquera sur son accointance avec la Russie, son rejet de l’Europe, ses référendums ou son discours sur la "priorité nationale".
Marine Le Pen, déstabilisée à de nombreuses reprises lors du débat de 2017, ne devrait pas tomber dans les mêmes pièges, ou du moins sera préparée à les battre en brèche. Et ce, avec ce (faux) sourire et cette sérénité face "à la brutalité et l’outrance" de son adversaire. Le monde à l’envers, lorsque l’on connaît les véritables desseins de l’extrême droite. Dans ce cadre, c’est plutôt Emmanuel Macron qui jouera gros ce mercredi, en devant se montrer convaincant face à un électorat de gauche (extrême) plus emprunt à s’abstenir qu’à lui accorder, encore une fois, les pleins pouvoirs. Et ce, sans se montrer arrogant vis-à-vis de son adversaire, sans quoi la France d’en bas le lui fera payer cher. Dès dimanche ou, dans le meilleur des cas, lors d’un été social qui s’annonce très chaud.