Qu’importe la couleur du réseau
La fusion des réseaux: s’il y a bien un tabou qui hante notre enseignement, c’est celui-ci. Régulièrement, cette idée rejaillit.
Publié le 15-03-2022 à 06h10
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Mais elle ne fait jamais long feu: du fait de l’impuissance financière d’une Fédération Wallonie-Bruxelles chaque année plus exsangue que la précédente; du fait, aussi, de rivalités idéologiques qui tirent leurs racines bien avant le siècle dernier.
Les arguments, pourtant, ne manquent pas. Le premier étant de se demander à quoi peuvent encore servir cinq réseaux différenciés. Demandez-le aux premiers concernés: plus qu’un sentiment d’appartenance à l’un de ces réseaux, c’est bien souvent l’attachement à "son" école, à "ses" collègues, à "sa" classe qui prédomine. Un peu comme si le modèle scolaire hérité de notre passé industriel et de sa société profondément polarisée s’était progressivement effacé au profit d’une identité scolaire plus localisée, plus personnalisée. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne touche pas uniquement le libre: nombreux sont les établissements de l’État qui, plus qu’un sentiment d’appartenance, cultivent celui d’attachement. Les plans de pilotage, hérités du Pacte d’excellence, vont dans ce sens: celui d’une personnalisation grandissante des écoles à travers leurs projets.
Le second grand argument est d’ordre pécuniaire. L’école représente un gouffre financier: de lourdes dépenses, trop peu de rentrées. Un réseau unique à la fois régulé et organisé par l’État relève pourtant aujourd’hui du mirage: selon les estimations, le simple rachat des infrastructures appartenant aux autres réseaux coûterait, au bas mot, 10 milliards. Sans compter que la Fédération n’aurait alors plus d’autre choix que celui de financer chaque élève à part strictement égale: de quoi ajouter plusieurs centaines de millions chaque année. Mais la proposition des Engagés aborde le problème dans le sens inverse: en imaginant un réseau unique sur le modèle du libre, où chaque école serait subventionnée de la même façon et où chacune d’elles obtiendrait son autonomie, la solution pourrait, financièrement, tenir la route. Idéologiquement, c’est autre chose…
Mais que celle-ci s’organise en cinq ou un unique réseau(x), le défi qui doit primer aujourd’hui est de redonner du sens à l’école. D’offrir aux jeunes un enseignement d’excellence. Qu’importe la couleur du drapeau qui flotte sur la cour de récré.