Pour les profs, " trop is te veel "
Cela faisait dix ans, pratiquement onze, que les enseignants n’avaient plus activé le plus puissant des leviers d’action de la cause syndicale.
Publié le 21-01-2022 à 07h40
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Certes, il y avait eu quelques mouvements de mauvaise humeur, voire même de mécontentement à l'heure de rediscuter des pensions. Mais pour la première fois depuis 2011, leurs syndicats, en front commun, ont décrété une journée de grève généralisée à l'ensemble des écoles de Wallonie et de Bruxelles. C'est dire si la situation dans laquelle ils se trouvent aujourd'hui leur semble compliquée. À cause du Covid? "Oui, mais pas que", clament-ils. Et de fait. Il faut pouvoir reconnaître que, depuis le début de la crise, les enseignants trinquent. Et plutôt sévèrement.
D'abord, et à l'instar de n'importe quel autre citoyen dans cette crise qui n'en finit plus, ils n'ont d'autre choix que de subir moralement et mentalement les incessantes vagues de l'épidémie, lassés autant qu'impuissants. Comme nous tous, donc. Mais les enseignants – et à leurs côtés les ouvriers, les membres du personnel administratif et autres centres PMS – n'ont aussi d'autre choix que d'affronter ce virus aux multiples variants depuis la première ligne, celle du front, au cœur de l'un des principaux clusters de l'épidémie. Qui plus est, sans autre forme de protection que celle dont ils ont eux-mêmes dû s'affubler. Un peu comme si l'Armée envoyait ses soldats à la guerre sans bottes ni fusils. "Parce que, voyez-vous, il n'y a plus d'argent."
Ensuite, les enseignants sont dans le même temps appelés à repenser leur métier. Et ce, profondément pour certains. De sorte à pouvoir implémenter une bonne demi-douzaine de réformes d’ordre systémique, dont l’enchaînement réclame un investissement pour le moins sérieux, parfois lourd, et bien sûr sans compensation en retour.
Et enfin, amère cerise sur l'indigeste gâteau, ce sont des "cacahuètes" qu'on leur jette à la figure, là où ils s'estiment en droit d'attendre un quelconque effort venu d'en haut. Non pas qu'ils se définissent comme plus méritants, mais simplement parce que, comme cela se fait ailleurs dans le public, c'est ainsi que les droits des travailleurs suivent les évolutions de la société.
"Trop is te veel", clament donc les syndicats. Et au vu de l'argumentaire déployé, bien audacieux qui leur lancera la première pierre. Même si ça leur changera des "cacahuètes". Quoique…