Johnson, le fiasco anglais
L’heure n’est plus à la fête pour Boris Johnson. S’il restera dans les annales comme le Premier ministre britannique ayant validé le Brexit, il fait en effet désormais face à une énorme défiance, y compris au sein de son propre parti.
Publié le 15-12-2021 à 06h42
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À tel point qu’une démission semble de plus en plus inéluctable, et le sera dans tous les cas s’il est destitué en tant que dirigeant des Tories, comme le fut Theresa May avant lui en 2019.
L’élection de ce jeudi dans la circonscription rurale de North Shropshire, fief traditionnel des conservateurs et qui fait office de mini-référendum, pourrait sonner la fin de la récréation pour celui qui est de moins en moins pris au sérieux outre-Manche. Et ce d’autant plus que le député conservateur Owen Paterson, qui occupe le siège du North Shropshire depuis 1997, est à la base de cette élection partielle, obligé de démissionner alors qu’il se retrouvait au centre d’une affaire de trafic d’influence. Il avait reçu le soutien de Johnson, qui avait même tenté de modifier les règles disciplinaires du Parlement au profit du député, avant de le lâcher sous la pression médiatique. Sans oublier bien sûr le financement de la rénovation de son appartement par un donateur des Tories.
Les derniers scandales ne font rien pour arranger la situation du Premier britannique. Sa gestion de la pandémie, avec notamment plus de 140 000 morts à la clé (soit 20 000 de plus qu’en France et 40 000 de plus qu’en Allemagne, à population comparable), a déjà été largement critiquée. Les révélations sur la fête à Downing Street en décembre 2020, soit en confinement strict, viennent ainsi s’ajouter aux accusations de corruption dans son parti, mettant toujours en cause son intégrité et sa morale aux dépens de l’intérêt commun.
Comme défense, Johnson prétend à chaque fois qu’il n’y a pas participé directement, et qu’il n’était d’ailleurs pas au courant. Cela le décrédibilise in fine aux yeux des observateurs, mais aussi de ses électeurs dont la majorité ne s’amusent plus de ses frasques.
De nombreux membres de son parti continuent pourtant à soutenir l’architecte du Brexit, qui n’a pas encore produit tous ses effets, qu’ils soient positifs ou néfastes. Si la campagne de vaccination (y compris la 3e dose) l’avait remis provisoirement en selle, le variant Omicron, mais surtout d’énormes problèmes de pénurie de matières premières, pourraient "booster" davantage sa sortie du 10 Downing Street, dans ce qui s’apparente de plus en plus à un véritable fiasco.