L’ubérisation, un choix politique
Le dossier Uber est en train de mettre à mal la capitale, qui risque d’être – un peu plus – paralysée les prochains jours par des actions dures des taxis dits "classiques".
Publié le 13-12-2021 à 06h01
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Au niveau politique, la situation n’est guère plus enviable. L’accord du gouvernement bruxellois prévoyait en effet une "ordonnance taxi", permettant de réguler l’existence des plateformes numériques, telles Uber, aux côtés des taxis. Soit un accord négocié en son temps par Laurette Onkelinx (PS), Olivier Maingain (DéFI) et Zakia Khattabi (Écolo), qui ne siègent plus dans l’exécutif bruxellois. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que leurs successeurs sont bien en peine de faire enfin atterrir ce dossier!
La justice est venue il est vrai s’en mêler, la cour d’appel de Bruxelles ayant constaté le 23 novembre l’irrégularité de la plateforme Uber X utilisée par les chauffeurs Uber. Elle se basait sur la dernière ordonnance régionale en la matière datant de… 1995.
Obligé dès lors de légiférer en urgence, l’Exécutif bruxellois a pris, sous l’égide de Rudi Vervoort (PS), une ordonnance transitoire faisant la part belle à Uber et ses chauffeurs. Ceux-ci ont pu reprendre le travail dès samedi, du moins ceux qui étaient inscrits sur la plateforme depuis janvier 2021 et qui prestent au minimum 20 heures par semaine.
La raison officielle? Éviter un "bain de sang social", puisque 2 000 chauffeurs s’étaient retrouvés sans emploi du jour au lendemain suite à la fermeture de la plateforme.
Cette décision politique, qui outrepasse les décisions de justice, démontre en tout cas à elle seule que "l’ubérisation" galopante de la société, à l’instar du secteur des taxis, est bel et bien un choix, assumé actuellement tant bien que vaille par Rudi Vervoort, même s’il a été désavoué par quelques représentants de sa majorité, socialistes et écologistes compris. Le "bain de sang social" évité n’est en effet qu’un leurre, comme le signalent d’ailleurs à bon escient les chauffeurs de taxis "classiques", soutenus désormais par les syndicats FGTB, CSC et CGSLB. Ils proposaient d’ailleurs que l’on reprenne dans leurs sociétés, sous contrat CDI, une bonne partie de ces chauffeurs "ubérisés" bon gré, mal gré. Le système économique, mais donc aussi politique, en ont décidé autrement.
Au final, comme le reconnaissait d’ailleurs Rudi Vervoort lui-même, ce dimanche midi, sur RTL-TVI, ce sont encore les travailleurs qui sont perdants.