Une certaine idée de l’échec
Lundi, on a peut-être frôlé une démission au gouvernement wallon. Et voilà que, vendredi après-midi, chacun retrouve sa place.
Publié le 11-12-2021 à 07h04
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Les députés au Parlement, le ministre à la tribune et la réforme fiscale au milieu. Le "décret Crucke" a agité le petit monde politique wallon pendant une semaine. Tout ça pour ça?
Un président de parti, qui ne siège ni au Parlement wallon, ni au gouvernement wallon, est intervenu directement dans le débat. Il n'est pas le seul président de parti à "intervenir". Mais parce que c'est Georges-Louis Bouchez, qu'il considère que "le clivage est la base de la démocratie" et qu'il "hyper-préside" son parti, l'idée d'un "hyper-interventionnisme" s'impose assez naturellement. À tort ou à raison, d'ailleurs.
Un texte livré par un ministre MR ne doit certainement pas mettre l’esprit critique des députés MR sur pause. Il n’est d’ailleurs écrit nulle part que des parlementaires de la majorité doivent aveuglément coller aux basques de leur gouvernement. Leur boulot majeur, c’est le contrôle de l’exécutif.
Donc, ni presse-bouton face à un ministre du même bord (comme l’a répété le chef de groupe MR Jean-Paul Wahl), ni moutons face à un président (ça, on l’a moins entendu hier). Soit.
Ce qui est plus préoccupant, c’est la négligence ou l’indifférence politique. La première lecture du document au gouvernement wallon a eu lieu en avril 2021. La 2e lecture a suivi en juillet et la dernière à la fin du mois d’octobre. Et c’est le 5 décembre, veille de la commission, que le branle-bas de combat est sonné en urgence.
Alors? Qui découvre quoi à la dernière minute? Le ministre qui apprend que son groupe refuse de soutenir son texte? Les élus qui s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas défendre une réforme fiscale en construction depuis des mois?
Une fois de plus, ce n’est pas la critique en soi qui est ici embarrassante ou pitoyable. Pas plus que le débat, la contradiction, les portes qui claquent, y compris au sein d’un parti… C’est la désinvolture d’une partie du monde politique. Pour un texte qui n’est pas à ce point déterminant pour la Wallonie, on peut risquer une crise gouvernementale alors que les défis, budgétaires ou non, sont majeurs. L’échec dont parlait Jean-Luc Crucke il y a quelques jours, il est là aussi. Même si en fin de compte, le texte a été voté.