C’est de la faute de l’Europe
Les Belges sont moins heureux que les Français, dont le baromètre a été publié la semaine dernière. Ils ont bon dos nos clichés du Belge jovial et du Français râleur.
Publié le 09-12-2021 à 07h08
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Qu’en est-il de l’Allemand travailleur, du Néerlandais radin ou de l’Italien dragueur? Tous ces clichés sont autant d’étoiles sur notre drapeau européen…
L’Union européenne, elle aussi, était passée au crible du baromètre de Solidaris. L’Europe qui est souvent le coupable idéal dans les discussions de café du commerce. Je me souviens d’un dîner, où un pensionné critiquait l’Europe… juste parce qu’il avait besoin de critiquer quelqu’un, et qu’il s’est dit qu’en attaquant l’Europe, il ne se fâcherait avec personne autour de la table. En 2021, encore, 69% des pensionnés sondés par Solidaris estiment que les institutions européennes servent uniquement les intérêts de la finance.
L’étude de la mutualité socialiste montre aussi que ce sont les classes moyennes qui sont les plus critiques vis-à-vis de l’Europe: 76% des classes moyennes les plus basses pensent que l’Europe est inféodée à la finance; plus que 65% pour les classes moyennes supérieures et beaucoup plus que 58% pour les classes supérieures.
"Parce que la finance, c'est eux, et que l'Europe est à leur botte", dirait-on au café du commerce. Ou peut-être aussi parce que, s'ils sont entrepreneurs ou directeurs financiers, ils savent que les normes européennes, devenant un standard au-delà de l'Europe facilitent le commerce.
Un autre élément peut laisser penser que l’Europe est mieux appréhendée quand on la connaît: les étudiants ne sont que 52% à penser que l’Europe est le suppôt de la finance, eux qui ont eu des cours sur les institutions au cours de leur parcours d’études. D’ailleurs, seulement trois jeunes sur dix trouvent que la population belge vivrait vraiment mieux sans les institutions européennes: soit 20% des étudiants contre 41% des pensionnés et 52% des personnes en incapacité.
Tant qu'on n'éduquera pas davantage à l'Europe, on pourra continuer à se servir d'elle comme d'un bouc émissaire. Et Pierre, fonctionnaire européen retraité, continuera à aller au cours de promotion incognito dans un groupe composé majoritairement d'hommes pensionnés. "Parce que, si je dis ce que j'ai travaillé pour l'Union européenne, je vais en prendre pour mon grade", dit-il à voix basse.