Soignants au bord de l’implosion
Les professionnels de la santé étaient plusieurs milliers à exprimer leur colère, hier. Leur cible: les responsables politiques, singulièrement le ministre fédéral de la Santé publique.
Publié le 08-12-2021 à 07h01
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Il suffisait d’engager une conversation avec quelques manifestants pour saisir la profondeur du problème, qui ne se cantonne pas à la question de l’obligation vaccinale. Le mal-être est plus profond, plus ancien. Cette détresse-là s’exprimait déjà avant la pandémie. La crise sanitaire n’aura fait que la renforcer.
La question de l’obligation vaccinale, dans l’absolu, pourrait être évaluée en fonction de critères sanitaires ou éthiques uniquement. Le personnel de soins de santé est-il tenu de se faire vacciner? Il l’est déjà, de façon obligatoire depuis deux décennies, contre l’hépatite B. Dans le contexte sanitaire actuel, certains s’expriment en faveur de l’obligation, en raison de la nature particulière des métiers de la santé. D’autres estiment que la liberté de choix prime, ou se montrent plus réticents pour des raisons qui leur sont propres. Ils en ont encore le droit, à ce stade. Toujours est-il que, malgré quelques disparités régionales, environ 90% des professionnels de la santé sont vaccinés en Belgique, ce qui n’indique en aucun cas une opposition massive à la vaccination à proprement parler.
La réalité est que le problème est d’ordre socio-économique. Ou plutôt, avec des menaces de résiliation ou de suspension de contrat à la clé, la question de l’obligation vaccinale est venue se superposer à une liste, longue comme le bras, de difficultés. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Les soignants ont souvent été qualifiés de héros, aux premières heures de la crise sanitaire. Ce recours au registre moral ne pouvait combler indéfiniment une réalité fondamentalement matérielle et politique. Celle de travailleurs qui expriment depuis de nombreux mois un besoin de reconnaissance, de valorisation et d’attractivité de leur profession. Fonds Blouses blanches, norme de croissance, accord social de 600 millions d’euros ont constitué une première réponse politique qui, à en croire les premiers intéressés, peine à se faire sentir sur le terrain. Il faudra, dans les prochaines semaines, une autre prise en considération pour que ne s’effondrent pas ces femmes et ces hommes au rôle plus que jamais vital pour la collectivité.