Les moteurs de l’épidémie
Ce sont donc eux, nos enfants, les moteurs de l’épidémie. Et il faut "arrêter ce moteur", a scandé Frank Vandenbroucke.
Publié le 04-12-2021 à 06h18
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Au coin, les mômes! Ou plutôt hors de l’école, et masqués encore bien, à partir de six ans. Après avoir fait porter le chapeau de la virulence virale sur la marge des réfractaires qui refusent de se plier aux consignes vaccinatoires, le gouvernement entend maintenant cibler le foyer de "l’incendie". Le ministre de la Santé en fait son cheval de bataille, préparant l’offensive pour vacciner les enfants de 5 à 11 ans. Près de 700 000 doses Pfizer sont en commande, dès lors que l’Agence européenne des médicaments a donné son feu vert. La Belgique suivra.
Oui, mais les deux doses pédiatriques ne seront pas là avant janvier. Et on sait que le vaccin, s'il freine la propagation, ne peut empêcher le virus de circuler d'un gosse à l'autre. S'il faut arrêter le moteur, éteindre l'incendie, alors pourquoi attendre le 18 décembre pour fermer les classes? Pourquoi pas de suite? Vandenbroucke, clairement, s'est dit "déçu par le compromis" approuvé en Codeco. Une ligne pragmatique, d'une mollesse plus politique que sanitaire, qui cherche avant tout à préserver les secteurs économiques. On limite certes les grands événements organisés en intérieur, et on en balise plus sévèrement d'autres, mais on ne touche plus à l'horeca, aux matchs de foot ou au télétravail. On laisse en paix les adultes, jusqu'à une semaine avant Noël. Les parents qui doivent continuer à bosser, et les grands-parents qui auraient joué la garderie, avec les risques que cela suppose pour eux. Et on compte sur l'efficacité de la troisième dose de vaccin.
On sent que ce compromis politique a été durement négocié. "L'une des réunions les plus difficiles", a commenté Pierre-Yves Jeholet, qui a préféré "ne pas dire ce que je pense", c'est-à-dire qu'il n'en voulait pas, tandis que Jan Jambon plastronnait, heureux d'avoir imposé ce piètre tour de vis. Les tensions sont communautaires, tant l'approche est, d'évidence, différente.
On sent un frein chez le ministre-président de la Communauté francophone, et un souci plus prononcé pour la santé "psychologique", en particulier sur le mental de ces enfants sur les épaules desquels il est absurde, et même dangereux voire immoral, de faire supporter le poids de la saturation des hôpitaux, ou de la mort de leurs aînés dans des unités de soins intensifs surchargées.