Un retour qui fait craindre le pire
Chassés du pouvoir fin 2001, les talibans sont de retour à Kaboul vingt ans plus tard. À l’offensive depuis le mois de mai, ils ont progressé de façon fulgurante durant cette dernière semaine, multipliant les prises de pouvoir dans les grandes villes du pays.
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Publié le 16-08-2021 à 07h06
Sans véritable résistance des forces gouvernementales tout au long de leur périple. Après Kunduz et Kandahar, les voici désormais à Kaboul déserté hier par le président Ashraf Ghani, tandis que les derniers ressortissants occidentaux sont rassemblés sur l’aéroport de Kaboul avant leur rapatriement.
Le retour des talibans fait craindre le pire. Après la prise du pouvoir en 1996, le pays a été un sanctuaire du djihadisme et de la charia, bannissant la culture et l’éducation, écartant toute élection, asservissant la femme, imposant une religion rigoriste et stricte, abattant les opposants sans le moindre procès, hébergeant Oussama ben Laden et son groupe djihadiste responsable des attentats de New York. Difficile d’imaginer pire régime.
Durant plus de vingt ans, les forces américaines et leurs alliés se sont efforcés d’instaurer la paix et une nouvelle gouvernance dans le pays. En vain, jusqu’à l’annonce du retrait des troupes par Donald Trump, confirmée ces derniers mois par Joe Biden. Le contribuable américain aura englouti plus de mille milliards de dollars et perdu 2 400 militaires. Un véritable bourbier qui se transforme aujourd’hui en débâcle des stratégies menées par les États-Unis et les pays de l’OTAN.
Faut-il redouter un retour à une application stricte des règles islamiques et toutes les dérives passées? Les talibans tiennent depuis quelques semaines un discours étonnant, proposant un transfert pacifique du pouvoir et insistant pour que les diplomates étrangers et organisations humanitaires ne quittent pas le pays. «Nous voulons ouvrir un nouveau chapitre de paix, de tolérance, avec une coexistence pacifique et une unité nationale pour le pays et le peuple afghan», soulignait hier un porte-parole des talibans.
Une rhétorique positive dont on peut craindre qu’elle soit rapidement bafouée lorsque le nouveau régime sera en place.