Une sanction… pour encourager
Pour les citoyens et les associations de l’Affaire Climat qui ont porté ce combat judiciaire, la condamnation des gouvernements du pays pour ce qu’on peut qualifier de négligence climatique est autant une victoire qu’un soulagement (voir page 5).
Publié le 18-06-2021 à 06h01
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La longueur de la procédure (sept ans!) aurait en effet pu les faire douter d’une issue favorable, tandis que dans d’autres pays (Allemagne, France, Pays-Bas,…), la justice condamnait déjà des gouvernements pour avoir mis en danger leur population en prenant des mesures trop frileuses de réduction des gaz à effet de serre.
Mais, forts de la justesse de leur combat, ils n’ont pas lâché le morceau. Comme ont aussi tenu bon tous ces jeunes qui, semaine après semaine, ont manifesté en rue malgré les railleries, parfois dures, de ceux qui leur disaient de retourner sur les bancs de l’école et de laisser les affaires de la planète aux adultes responsables…
En ce sens, si ce jugement du tribunal bruxellois est une sanction pour les gouvernements, c’est aussi un encouragement pour ceux qui, au sein de la société civile, ont su se mobiliser. Parce qu’ils estimaient que, au vu de l’enjeu, laisser la main à des politiques (même élus démocratiquement) qui n’en font pas assez n’était pas une option responsable pour les générations futures… et présentes.
En donnant raison à l’Affaire Climat, le tribunal coule d’ailleurs dans un jugement ce que les manifestants pour le climat ont maintes fois hurlé en rue: l’enjeu climatique transcende les États et les jeux politiciens, il impose de se rallier au consensus scientifique et de prendre des mesures en adéquation avec celui-ci.
Or, dans ces attendus, le jugement souligne que, bien que la Belgique se soit rangée derrière les accords internationaux construits autour de ce consensus scientifique, les résultats de sa politique restent «mitigés». Euphémisme judiciaire…
Mais, en n’imposant pas dans son jugement des objectifs à respecter et des actions à mener, le tribunal donne aussi aux gouvernements actuels un encouragement à enfin prendre des décisions à la mesure des enjeux. La première d’entre elles étant certainement de montrer qu’ils ont compris le message en n’allant pas en appel d’un jugement historique.