ÉDITO | Codeco: l’effort et les lauriers
C’est une agaçante antinomie qu’on a pu remarquer en marge du comité de concertation ce vendredi.
Publié le 18-06-2021 à 20h56
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D’un côté, alors que tous les voyants de la crise sanitaire sont passés au vert, que les contaminations ont fortement diminué, que les hôpitaux peuvent enfin oublier les malades du Covid pour se concentrer sur d’autres souffrances, que les activités reprennent peu à peu figure normale, que les citoyens se remettent à sourire et à voyager, le gouvernement peut se jeter des fleurs. Et vanter les mérites d’une campagne de vaccination qui, cette fois, place la Belgique en «référence mondiale» positive.
Une offensive vaccinale menée tambour battant, et à ce stade réussie, il faut le reconnaître. Mais qui ne peut rester en extase au milieu du gué. Tant Alexander De Croo que Frank Vandenbroucke l’ont rappelé: l’objectif reste de vacciner au moins 70% de la population. Mais seules trois personnes sur dix souffrant de comorbidités, ont reçu une vaccination complète, que l’on dit indispensable pour protéger des variants. Fin juin, on serait à six sur dix.

Leur enjeu est donc, maintenant, de convaincre tous ceux qui ont reçu une première dose de se rendre dans les centres de vaccination pour se faire injecter la deuxième. En plein dans les vacances d’été! Et puis il faut encore en persuader d’autres, et notamment les plus jeunes qui n’ont rien à craindre de cette maladie, d’entrer dans le processus vaccinatoire… au moment où la peur s’éloigne avec le danger, où les barrières tombent, où l’horizon s’éclaircit, et que l’envie est plutôt de savourer un cocktail au bord d’une piscine, au soleil. C’est l’autre versant du paradoxe: convaincre de poursuivre l’effort quand on savoure déjà les lauriers n’est jamais chose aisée.
Ce beau temps, justement, nos ministres tout occupés à la promotion des vaccins, l’ont délibérément mis à l’ombre. Oubliant de préciser qu’à la même période l’an dernier, les chiffres du Covid étaient tout aussi excellents, et qu’ils avaient permis les mêmes relâchements. Pour retomber, dès le retour d’une météo frileuse, dans une crise sanitaire majeure. Le SARS-Cov2, affection respiratoire, est un virus saisonnier. Qui bourlingue hors des mois chauds, sous d’autres climats, et dans d’autres pays que le nôtre. Chacun espère que, cette fois, grâce aux vaccins, ce sinistre voyage pandémique s’arrêtera net. Que cette crise sera reléguée à nos mémoires. Mais il serait naïf d’en être déjà persuadé.