Libérer le canal
Après près d’une semaine de paralysie, le trafic maritime a repris ce lundi dans le canal de Suez. Les armateurs du monde entier respirent, comme nombre d’entreprises à travers la planète.
Publié le 30-03-2021 à 06h04
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Et comme devraient le faire les consommateurs que nous sommes, car si le blocage avait persisté, les augmentations colossales du coût du transport que l’incident aurait provoquées auraient inévitablement débouché sur des hausses de prix.
Au-delà de la performance technique réalisée pour profiter d’une marée extrêmement forte afin de dégager ce porte-conteneurs géant, de 400 mètres de long – l’équivalent de quatre terrains de football – et haut d’une soixantaine, l’épisode rappelle le caractère stratégique pour le commerce mondial de cette liaison entre la Mer Rouge et la Méditerranée creusée à la fin du XIXe siècle.
Le transport maritime, alors, n’avait pas la dimension actuelle, mais le gain de six mille kilomètres sur les routes entre l’Asie et l’Europe était déjà d’une importance cruciale pour le négoce.
Les géants des mers, aujourd’hui, ont pris des allures de buildings de plusieurs étages en mouvement, avec les centaines de conteneurs empilés sur leur pont.
La mondialisation de l’économie est passée par là, et l’explosion du commerce électronique accentuée par la pandémie actuelle n’a fait qu’amplifier la tendance.
Les routes maritimes, elles, n’ont guère changé, avec leurs traditionnels goulets d’étranglement, le canal de Suez et le détroit de Gibraltar, aux deux entrées, ou sorties, de la Méditerranée. Même si, le changement climatique aidant, et l’occasion faisant le larron, la Russie a saisi l’opportunité, la semaine dernière, pour faire la promotion de la «route du Nord» encore peu fréquentée.
Mais l’incident, aujourd’hui résolu, qui a mis le trafic à l’arrêt dans le canal de Suez, devrait nourrir une réflexion initiée à la fois par la pandémie et par le réchauffement climatique.
À l’heure où les notions de circuits courts et de relocalisations de productions s’invitent dans le débat public, le moment n’est-il pas venu de libérer le canal et les océans d’une part de la pollution liée aux dessertes des porte-conteneurs géants?
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