Pour l’histoire ?
Y a-t-il un quelconque sens à destituer un président des États-Unis sorti de fonction? Le procès de Donald Trump, qui s’est ouvert ce mardi au Sénat, à Washington, ne relève pas, en dépit des apparences, du surréalisme à la belge.
Publié le 10-02-2021 à 06h42
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La première question posée, sur la constitutionnalité des poursuites, a fait l’objet de débats pointus, aux États-Unis. Car, au moment des faits, l’ancien président était en fonction. Et sa destitution peut être légitime, même s’il a perdu le pouvoir depuis lors.
Mais la nécessité de ce procès se justifie aussi pour l’histoire. Car c’est la toute première fois, aux États-Unis, qu’un président battu dans les urnes refuse de s’incliner, et prétend jusqu’à la dernière minute que le scrutin lui avait été volé. Les recours en justice introduits sur son ordre dans différents États disputés ayant tous été rejetés, il a joué son ultime carte en lançant ses partisans à l’assaut du Capitole, le jour même où l’élection de son rival allait être validée. Ce procès, s’il n’a pratiquement aucune chance de déboucher sur une destitution qui ferait l’objet de contestations, doit souligner la gravité de l’épisode, et marquer les esprits pour l’avenir. Afin que plus aucun président ne songe à imiter ce fâcheux précédent.
Les débats seront resserrés: le président Biden ne s’en plaindra pas. Car la tenue de ce procès ravive les divisions, creusées par son prédécesseur, et qu’il s’est engagé à tenter de combler.
On ne jurera pourtant pas que le camp démocrate soit dépourvu d’arrière-pensées politiques.
S’ils n’ont pratiquement aucune chance de débaucher dix-sept voix républicaines pour obtenir un verdict de culpabilité, les sénateurs démocrates peuvent espérer détacher l’un ou l’autre esprit libre dans les rangs adverses, toujours obnubilés par le total de voix impressionnant accumulées sur le nom de Donald Trump, au début novembre.
Et que ce dernier soit déclaré inéligible ou non n’a peut-être pas finalement tant d’importance: d’ici à quatre ans, bien d’eau aura coulé sous les ponts du Potomac.
Si d’aventure Donald Trump se relance dans la course, il le fera avec le handicap d’avoir été le seul président à subir deux procès en destitution. Et sa candidature sera controversée, d’abord dans le clan républicain.
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